Marxisme

  • Note historique sur la question nationale ukrainienne

    Vincent Présumey 6 mai 2014

    Cet article est achevé le lendemain du pseudo référendum sur l’autodétermination de la Crimée. La Crimée n’est pas l’Ukraine et elle a droit à l’autodétermination, mais le vote sous contrainte, sans choix, armée déployée, qui vient de se produire n’a rien à voir avec quelque autodétermination que ce soit. Il vise à intimider, et peut-être à pire, les Ukrainiens, les Tatars, les Russes qui pensent autrement. Un débat démocratique en Crimée supposerait que la menace des troupes russes, comme celle de l’OTAN, ne s’exerce pas sur le pays, qui a besoin en effet de débattre de sa place comme trait d’union entre Ukraine, Russie et Turquie. Son érection en petite Irlande du Nord bunkérisée n’est pas une bonne nouvelle (...)

  • La Russie et la Chine sont-elles des puissances impérialistes ?

    Chris Slee 15 avril 2014

    La Russie et la Chine jouent un rôle important dans la politique mondiale. Cela inclut la participation à des conflits armés éloignés de leurs frontières. La Russie, par exemple, fournit des armes au gouvernement syrien. La Russie et la Chine ont également fourni des armes au gouvernement du Sri Lanka pendant la guerre contre la guérilla des Tigres de Libération de l’Eelam Tamoul (LTTE), qui se battaient pour une patrie tamoule indépendante dans le nord et l’est de l’île du Sri Lanka (le LTTE a été défait en 2009).
    Dans certains cas, la Russie et la Chine interviennent du même côté que les puissances impérialistes occidentales. Ce fut précisément le cas au Sri Lanka où les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, (...)

  • La répression bourgeoise, Marx et l’« Etat libre »

    Rolando Astarita 10 avril 2014

    Le soutien de larges secteurs de la gauche latino-américaine à la répression menée par le gouvernement chaviste contre l’opposition réactualise le débat sur l’attitude des marxistes face à l’Etat bourgeois et à son appareil répressif. Dans la gauche d’aujourd’hui domine largement l’idée qu’il est profitable pour la classe ouvrière qu’existe un Etat « fort », capable de guider l’économie vers une sorte de « socialisme d’Etat bonapartiste » - pour reprendre une expression de Lénine. On pense que le capitalisme « populaire », ou orienté par l’Etat, légitime et exige un appareil répressif puissant et consolidé. C’est pour cela, et sous le prétexte de « combattre la droite », qu’on va jusqu’à applaudir les arrestations (...)

  • Karl Marx et le premier parti ouvrier

    Maximilien Rubel 2 avril 2014

    L’article de Maximilien Rubel (1905-1996) que nous reproduisons ci-dessous est paru dans la revue « Masses (socialisme et liberté) » n°13 (février 1948). Il a été numérisé et publié sous format pdf ensemble avec deux autres textes sur Marx de cet auteur par le site La Bataille Socialiste (Avanti4.be)
    Le postulat de l’autoémancipation prolétarienne traverse, tel un leitmotiv, toute l’œuvre de Marx. Il est l’unique clef pour une juste compréhension de l’éthique marxienne. Il a inspiré toutes les démarches, théoriques et politiques, de Karl Marx, depuis 1844, quand, dans la Sainte-Famille, il écrivait que « le prolétariat peut et doit s’affranchir lui-même », à travers les vicissitudes de l’Internationale (...)

  • Réflexion de Genre (3) : Le capitalisme est-il « indifférent » à l’oppression des femmes ?

    Cinzia Arruzza 26 mars 2014

    Un des points de vue les plus répandu chez les théoriciens marxistes est de considérer l’oppression de genre comme quelque chose qui n’est pas nécessaire à l’oppression du capital. Cela ne signifie pas que le capitalisme ne s’en serve pas et ne profite pas de l’inégalité de genre produite par les configurations sociales précédentes. Mais il s’agirait par contre d’un rapport opportuniste et contingent. Dans les faits, le capitalisme n’a pas vraiment le besoin de se servir de manière spécifique de l’oppression de genre, et les femmes ont bel et bien atteint, sous le capitalisme, un niveau de liberté et d’émancipation sans précédents dans les époques historique. Bref, la libération des femmes et le (...)

  • 1894 : La Charte de Quaregnon

    Ernest Mandel 26 mars 2014

    A l’occasion du 120e anniversaire de la Charte de Quaregnon, document programmatique fondateur de la social-démocratie en Belgique, nous reproduisons ci-dessous une analyse de ce texte, de son contexte et de son évolution historique par le théoricien marxiste Ernest Mandel. Depuis la rédaction de cet article en 1984, l’intégration de la social-démocratie dans le capitalisme n’a fait que se renforcer avec son tournant néolibéral, faisant disparaître dans ce parti toute trace de réformisme anticapitaliste et affaiblissant notoirement sa base et ses liens organiques avec le monde ouvrier. Souvent citée à raison pour marquer cette évolution avec ses origines, la Charte de Quaregnon de la social-démocratie (...)

  • Féminisme, capitalisme et nature. Entretien avec Cinzia Arruzza

    Cinzia Arruzza 3 mars 2014

    Cinzia Arruzza enseigne la philosophie antique à la New School for Social Research de New York. Elle est l’auteuse de deux essais : « Les relations dangereuses. Mariages et divorces entre Marxime et Féminisme » (Ed. Alegre, 2010) et « Les Mésaventures de la théodicée. Plotin, Origène, Grégoire de Nysse » (Brepoels, 2011). Le premier est en cours de traduction pour une édition francophone. Militante anticapitaliste, elle collabore au réseau et au site italien « Communia ». Dans cet entretien, elle évoque les questions des relations entre les formes d’oppression et les perspectives de libération. (Avanti4.be)
    Pouvez-vous expliquer l’angle d’approche de votre recherche sur le féminisme ? Quelles sont les (...)

  • Réflexion de Genre (2 bis) : Ce n’est pas que la faute du capitalisme ?

    Cinzia Arruzza 24 février 2014

    Dans la précédente chronique de « Réflexion de Genre », j’écrivais que l’idée selon laquelle le patriarcat était un système indépendant à l’intérieur de la société capitaliste était la plus utilisée par les théoriciennes, mais aussi par les militantes féministes. Et cela parce qu’il s’agit de l’interprétation la plus intuitive et immédiate des phénomènes d’oppression et de pouvoir qui se basent sur le genre et dont nous en faisons l’expérience quotidienne.
    Pour le dire autrement : il s’agit d’une interprétation qui enregistre la réalité de la façon dont celle-ci se manifeste. En disant « telle qu’elle se manifeste » nous n’entendons pas décrire un phénomène illusoire à mettre en opposition avec la réalité avec un grand (...)

  • La confiance, le capitalisme et l’idéologie

    Maciek Wisniewski 18 février 2014

    Selon ses apologistes, le capitalisme – depuis les « pères fondateurs » (Locke, Smith, etc.) jusqu’à aujourd’hui – est un système reposant sur la « confiance ». Néanmoins, cet argument fonctionne en dehors de la réalité de l’économie moderne, guidée non pas par la vieille éthique mercantile ou d’investissement à long terme, mais par le profit à court terme, la spéculation, la volatilité des marchés, le « casino banking » et les transactions trompeuses. Dans le capitalisme tardif, la confiance n’est pas une valeur récompensée, elle ne caractérise nullement les rapports de travail ou de marché. C’est un concept vide qui fait partie de la mythologie capitaliste et un instrument idéologique en temps de crise.
    Pour (...)

  • Réflexion de Genre (2) : Un, deux ou trois systèmes ?

    Cinzia Arruzza 4 février 2014

    En 1970, Christine Delphy a écrit un essai assez court : « L’ennemi principal », dans lequel elle théorisait l’existence d’un mode de production patriarcal, son rapport ainsi que sa non-coïncidence avec le mode de production capitaliste. Elle définissait les femmes au foyer comme une classe, dans le sens économique du terme.
    Neuf ans plus tard, Heidi Hartmann publiait l’article « Le mariage malheureux du marxisme et du féminisme », dans lequel elle soutenait la thèse selon laquelle le patriarcat et le capitalisme seraient deux systèmes autonomes mais entrelacés pour des raisons historiques. Selon elle, les lois de l’accumulation capitaliste seraient insensible au sexe de la force de travail et, si le (...)