Portugal : Défaite du gouvernement et forte abstention aux élections municipales

Luis Branco 2 octobre 2013

Les élections municipales du 29 septembre au Portugal ont donné un nouvel exemple de l’opposition populaire à la politique d’austérité de la Troïka. A peine trois semaines avant la présentation du budget de l’Etat, qui apportera encore plus de coupes dans les salaires et les pensions de retraite supérieures à 600 euros, ces élections locales constituaient une bonne occasion pour exprimer un fort rejet des partis au gouvernement.

Et cette occasion a été bien saisie, à commencer dans les plus grandes villes du pays - Porto, Gaia, Sintra, Coimbra - où les anciens maires PSD ont été battus et remplacés par des candidats du Parti socialiste ou par des candidats des listes de citoyens « indépendants » en conflit avec le PSD au pouvoir. [1]

Mais en dépit de sa victoire, le Parti socialiste a perdu 170.000 voix depuis les dernières élections municipales en 2009, ainsi que les capitales symboliques de la province de l’Alentejo (Évora et Beja) et la 5e municipalité du le pays, Loures (banlieue de Lisbonne) qui a été reconquise par le Parti communiste. Le PCP a été le seul parti à ne pas souffrir de la forte abstention, qui est passée de 41% en 2009 à 47% dimanche dernier. Le phénomène de l’émigration de masse (surtout chez les jeunes) est certainement une explication importante de cette croissance de l’abstention.

Le Bloc de Gauche n’a pas réussi à atteindre ses principaux objectifs pour cette élection : il a été battu par une marge de 500 voix à Salvaterra de Magos (une petite ville où il avait un maire) et aussi à Lisbonne, où le Coordonnateur national du Bloc n’a pas été élu au conseil municipal de la mairie (il lui a seulement manqué 52 votes). C’est dans la capitale portugaise que le Parti socialiste a en effet connu sa plus grande victoire (51%). Au niveau national, le Bloc a eu 8 candidats élus aux conseils des villes (un de moins qu’en 2009) et 100 candidats dans les assemblées municipales (37 de moins qu’en 2009). Le Bloc a été incapable de résister à la poussée combinée de l’abstention et de la polarisation entre le PS et le PSD dans certaines villes, ou entre le PS et le PCP dans d’autres. [2]

Néanmoins, le Bloc a joué un rôle important dans certaines listes de « citoyens » à Coimbra ou Braga et dans une large coalition à Funchal, qui a remporté la course à la mairie et il a été déterminant dans la défaite - pour la première fois en 38 ans - du pouvoir autoritaire d’Alberto João Jardim dans l’île de Madère.

Pendant la soirée électorale, le Premier ministre Passos Coelho a déclaré que l’austérité se poursuivra comme prévu, malgré la défaite historique de son parti. Les prochaines semaines verront le retour de la protestation dans les rues, avec deux grandes manifestations prévues le 19 et le 26 octobre. La première est appelée par le syndicat CGTP à Lisbonne et l’autre par le mouvement des citoyens « Que se Lixe la Troïka », dans toutes les grandes villes du pays.

Avec plus d’austérité et un second « sauvetage » de la Troïka à l’agenda de la droite après sa défaite électorale, la pression politique va s’accroître dans les prochains dans le but d’arracher des élections anticipées permettant de chasser ce gouvernement.

Source : http://internationalviewpoint.org/spip.php?article3139
Traduction française pour Avanti4.be : G. Cluseret.

Notes (d’IVP) :


[1Le PSD (Parti social-démocrate) est, en dépit de son nom, un parti de droite. Le Parti socialiste est le parti de l’Internationale Socialiste. Le PCP est le Parti communiste, qui reste l’un des plus staliniens en Europe.

[2Au Portugal, les gens votent 3 fois sur des bulletins séparés aux municipales. Un pour le Conseil exécutif municipal, composé par la majorité et l’opposition, un autre pour le parlement municipal et un autre pour l’assemblée de la « freguesia » (la zone urbaine/ville /petit village).