3 juillet 2014
Depuis la fin des années 1990, l’Amérique latine connaît un processus de transition qu’on caractérise, faute d’un terme plus précis, de post-néolibéralisme et que le président équatorien Rafael Correa a appelé un « changement d’époque ».
Il s’agit, sans aucun doute, d’une grande variété d’expériences difficilement réductibles à la classification répandue sur les « deux gauches ». Ce clivage, qu’Álvaro Vargas Llosa a synthétisé – en utilisant une métaphore manichéenne – comme opposant les « gauches végétariennes » (Chili, Brésil, Uruguay) et les « gauches carnivores » (Venezuela, Bolivie, Equateur), prend le risque de figer une image trop restreinte de processus traversés par une grande diversité de caractéristiques et d’angles d’analyses. Elle ne permet pas non plus de saisir les convergences entre ces deux courants. On retrouve les mêmes problèmes chez ceux qui, dans la gauche radicale, procèdent à la même dissection mais en plaçant dans le bon camp les « gouvernements révolutionnaires » et dans le mauvais les « réformistes ».
Le fait qu’un récent article dans le New York Times fasse l’éloge de la gestion macro-économique, qualifiée de « prudente », d’Evo Morales [1] ; que La Nación – « le journal de l’oligarchie argentine » – intitule un article « La Bolivie se distingue » [2] ou que le programme Dinero (Argent) de CNN ait remis la « médaille d’or » au pays andin en disant que « la Bolivie se porte mieux depuis 2005 » [3], constituent autant d’avertissements éclairants, aussi bien pour les anti-populistes fervents que pour ceux qui pensent que le bloc des Etats « bolivariens » (Bolivie, Equateur, Venezuela) est en transition vers une sortie du capitalisme. On peut en dire de même de l’intéressant processus équatorien, qui combine des transformations profondes – et même fondamentales – avec un nationalisme dollarisé.
Dans l’analyse des expériences des gauches au pouvoir, on ne peut écarter le fait que ces gouvernements de changement sont précisément « post-néolibéraux » parce que, même s’ils tentent d’inverser les effets de la « longue nuit » du « Consensus de Washington », ils se proposent de redonner un rôle à l’Etat dans des sociétés profondément modifiées par ces réformes structurelles et par le capitalisme mondialisé, individualiste et consumériste actuel - que l’italien Raffaele Simone a appelé « le monstre aimable » [4] - et ils cherchent, en général, à éviter un retour au vieil étatisme dont la crise avait précipité les privatisations.
Dans des cas comme ceux de la Bolivie et de l’Equateur, les gouvernements populaires ont hissé le pavillon de la croissance et de la stabilité économique. C’est pour cela qu’Evo Morales a accumulé l’un des stocks de réserves internationales les plus élevés du monde en rapport au PIB, ce que le New York Times et le Fonds monétaire international (FMI) ont précisément souligné [5]. Ceci distingue sans doute ces deux nations « bolivariennes » du Venezuela, où la situation complexe que traverse Nicolás Maduro est due en partie à la gestion de l’économie, avec de fortes tendances redistributives, mais aussi gaspilleuses et « dés-institutionnalisantes ».
Plus de dix ans après le tournant à gauche (quinze ans au Venezuela et huit en Bolivie et en Equateur), l’étape « héroïque » est désormais loin derrière : on perçoit une usure de l’intégration antilibérale – par exemple dans le cas de l’Unasur [6] – et les gauches ont perdu le monopole de la bannière du changement. Une nouvelle droite, capable de combiner populisme, discours sécuritaire, libéralisme culturel et un « visage social », a commencé à défier le bloc post-néolibéral sur le terrain régional (par exemple, à travers l’efficace création symbolique de l’Alliance du Pacifique présentée comme plus moderne et alternative pour la région) et dans les espaces nationaux : Sergio Massa et Mauricio Macri en Argentine, Henrique Capriles au Venezuela ou Mauricio Rodas en Equateur, qui vient de remporter la mairie de Quito contre les partisans de Correa.
Cela ne signifie pas pour autant que la gauche n’a plus la possibilité de vaincre dans plusieurs pays (Evo Morales, Dilma Rousseff et Tabaré Vázquez ont de grandes chances d’être réélus, de manière conséquente ou de justesse, et Michelle Bachelet a largement devancé la droite en décembre dernier). Mais ce qui a été imaginé à un certain moment comme une transition linéaire vers un quelconque type de socialisme du XXIe siècle était bien plus lié à l’hyper-activisme volontariste d’Hugo Chávez qu’à un consensus régional, et la crise vénézuélienne actuelle laisse le champ libre à un Brésil qui promeut un capitalisme développementiste très lié à ses propres multinationales.
Le Brésil joue à la fois le rôle de « locomotive régionale » et de sous-puissance ayant ses propres intérêts dans le jeu global. On peut en partie le voir dans l’augmentation de son influence à Cuba, où il a notablement renforcé sa présence économique (et politique) grâce à l’aura de Lula. Si Fidel Castro était un proche allié – politiquement et émotionnellement – de Chávez, il n’est pas surprenant de constater que les militaires cubains, plus distants et qui contrôlent les secteurs stratégiques de l’économie, et l’élite « raouliste » aient plus d’affinités avec les Brésiliens, même s’ils continuent à dépendre pour le moment du pétrole vénézuélien [7]. Le journal El País a fait savoir par exemple que Lula a emmené lors d’un de ses voyages à La Havane celui qu’on appelle le « roi du soja », l’ex-gouverneur du Mato Grosso, Blairo Maggi, afin d’enseigner aux Cubains à produire un oléagineux de meilleure qualité [8].
L’ex-syndicaliste de Sao Paulo ne s’est pas privé non plus de conseiller – non sans une dose de paternalisme – le président vénézuélien : « Maduro devrait essayer de réduire le débat politique pour se consacrer entièrement à gouverner, mettre en œuvre une politique de coalition, construire un programme minimal et diminuer la tension » [9].
Partout, la gauche au pouvoir a repoussé les frontières de l’extraction [des ressources naturelles] et déployé simultanément des politiques sociales inscrites dans le cadre d’un certain consensus développementiste. Cela a provoqué une série de conflits écologiques (Argentine, Pérou, Equateur, Brésil et Bolivie) et de nombreux débats sur la « re-primarisation » des économies, l’influence croissante de la Chine, la construction d’infrastructures et l’exploitation dans des zones protégées (comme dans le cas du TIPNIS en Bolivie et du Yasuni en Equateur) et les problèmes liés à l’ « extractivisme » dans l’intégration régionale elle-même [10].
Dans les cas argentin, brésilien et paraguayen s’ajoute le débat sur le développement de la culture du soja qui, depuis des années, a profondément transformé la production agricole et la vie rurale, stimulé précisément par la demande asiatique.
Mais cet imaginaire développementiste n’opère pas seulement dans les grandes économies régionales. Rafael Correa vient d’inaugurer, les larmes aux yeux, la Cité de la Connaissance Yachay [11]. Conçue initialement avec le soutien de la Corée du Sud, cette « ville » vise à fomenter l’économie du talent en étroite alliance avec plusieurs entreprises et centres de recherche étrangers. Evo Morales, avec la même émotion – aux côtés du vice-président Alvaro García Linera, qui n’a pu non plus cacher ses larmes – a suivi en Chine le lancement du satellite bolivarien « Túpac Katari » (TKSAT-1), dans lequel l’Etat a investi 300 millions de dollars. Lors d’une récente interview, il a cité trois fois la Corée du Sud, qui est vue avec intérêt en Bolivie et en Equateur.
Face à ces illusions développementistes, certains discours contestataires surgissent, avec un poids politique relatif. Une partie d’entre eux s’appuient sur les conflits socio-écologiques réellement existants et cherchent à déconstruire un « Consensus des Commodities » qui aurait remplacé le « Consensus de Washington » néolibéral des années 1990 [12]. Une autre partie, pas toujours en relation directe avec la première, arbore le discours du « Buen Vivir », supposément lié aux cosmovisions indigènes, mais qui du fait de son caractère trop générique et « philosophique » souffre d’un manque de soutien social face à l’intégration par la voie du consumérisme qui prédomine du Brésil jusqu’en Bolivie et qui génère la base sociale des gouvernements progressistes. Mais la question fondamentale est de savoir si ces pays pourront surmonter leur dépendance actuelle des matières premières.
Sur le terrain éthico-moral, les nouveaux gouvernements sont confrontés à une autre tension : ils sont souvent bien plus populaires (et antilibéraux) que progressistes. Si, en Argentine, le « kirchnérisme » maintient son opposition à débattre de l’avortement, il a fait un pas en avant inédit sur le terrain des droits des diversités sexuelles. Mais dans le reste de la région, les gauches au pouvoir se sont montrées plus prudentes dans l’élargissement des droits civils en faveur des diversités sexuelles.
Un exemple est le cas de Rafael Correa. Bien qu’il se soit réuni en décembre 2013 avec des collectifs LGBTI, une « première » entre un chef d’Etat équatorien et ce secteur, il a fait peu après un plaidoyer virulent contre les « excès de l’idéologie du genre ». « Il y a – a dit Correa – des excès, des fondamentalismes chez ceux qui proposent ces choses absurdes. Ce n’est plus de l’égalité des droits, mais l’égalité dans tous les aspects ; que les hommes ressemblent à des femmes et les femmes à des hommes. Ça suffit ! » [13]. Fidèle à son adhésion au catholicisme, il a menacé de démissionner au cas où la discussion sur l’avortement se poursuivait dans son propre parti, où plusieurs dirigeants défendent la dépénalisation. Malgré cela, depuis la fin 2012, il promeut une politique d’Etat de distribution de pilules du lendemain dans les hôpitaux publics [14], ce qui montre que tous ces processus ne se résument pas seulement aux déclarations des dirigeants.
En Bolivie, Evo Morales a fait taire les ministres qui ont soutenu l’ouverture du débat sur l’interruption volontaire de grossesse. Et, plus récemment, le Parlement a adopté un nouveau Code de l’Enfant qui établit que la vie commence dès la conception. Bien qu’en cas de viol on puisse demander à la justice une interruption de grossesse, ce code cadenasse la discussion sur le sujet. Quant à la diversité sexuelle, bien qu’on ait créé une « Unité de Dépatriarcalisation » dépendante du vice-ministère de la Décolonisation, les avancées ont été très modestes. Sans doute, comme le disait l’une des Gay Pride des années 2000, « La Bolivie est plus diverse que ce qu’on t’a raconté », autrement dit la diversité ne se réduit pas à l’ethnico-culturel. Mais le Code des Familles en voie de modification continue à établir pour les mariages, et même pour les unions de fait, l’exigence que le couple soit composé d’un homme et d’une femme.
Dans le cas équatorien, la nouvelle Constitution avalise quant à elle les unions civiles : l’article 68 reconnaît « l’union stable et monogame entre deux personnes », sans spécifier leur sexe [15]. En Argentine, la loi sur le mariage pour tous et celle sur l’identité de genre, qui permet de changer de sexe dans les documents d’identité en se présentant simplement au registre civil, se situent parmi les normes les plus avancées du monde en termes de reconnaissance de droits. De manière significative, au lieu de faire perdre des votes au gouvernement, ces décisions ont même fait l’objet de spots de campagne électorale. Le mariage pour tous a également été approuvé en Uruguay et au Brésil (mais par décision judiciaire et non politique).
Tout cela dépend cependant de la capacité de mobilisation sociale : dans de nombreux pays, la puissance mobilisatrice des groupes catholiques et évangélistes est bien plus forte que celle des LGBTI (la question de l’expansion des églises évangélistes parmi les secteurs populaires est toujours aussi peu abordée par les gauches). Et, bien souvent, les organisations LGBTI elles-mêmes sont divisées, agissent de manière auto-centrées et le mot d’ordre de la lutte pour le mariage pour tous génère des divisions internes, ce qui contribue à renforcer les tendances conservatrices au sein des gouvernements [16].
Pour le meilleur et pour le pire, l’Amérique latine a changé dans de nombreux sens, et les gauches ont contribué à cela. Aujourd’hui, avec la crise de l’expérience vénézuélienne et sans leadership régional, les prétendues « deux gauches » semblent converger en une seule, avec des tonalités plus « lulistes », comme l’a fait observer Franklin Ramírez [17]. On fait ainsi le choix d’un modèle de croissance, de régulation des marchés et de redistribution (qui se situe entre l’inclusion et la citoyenneté assistée selon les cas). Le post-néolibéralisme tend à s’uniformiser dans une voie moins anti-systémique, avec plus ou moins de consensus sur les réformes structurelles que chaque gouvernement a effectué : l’Equateur et l’Uruguay ont, par exemple, avancés dans le domaine des réformes fiscales, ce qui n’est pas le cas de l’Argentine. Les accords d’Evo Morales avec la bourgeoisie de Santa Cruz peuvent être inclus dans cette tendance. Et, dans tous les cas, cette dérive « luliste » réduit les expérimentations économiques « post-capitalistes » à un espace marginal.
Le fait que - au delà de la sincérité avec laquelle cela est exprimé - les nouvelles droites n’ont pas ouvertement dans leur agenda des propositions de reprivatisation et qu’elles sont parfois y compris en concurrence avec le gouvernement sur les projets d’inclusion sociale, tout cela rend compte d’un climat de changement d’époque qui présente de nouveaux contextes et de nouvelles difficultés. Pour les gauches nationales-populaires, envisager une défaite électorale est une chose impossible. Le problème, pour les partis qui se considèrent comme l’expression indiscutable de la substance du peuple, est qu’il « ne peuvent » pas perdre, ni même penser à abandonner provisoirement le pouvoir sans voir leur recul comme une contre-révolution pure et simple.
Dans ce cadre, toute mesure institutionnelle visant à assurer l’alternance dans le pouvoir semble mineure face aux nécessités du peuple ou de la révolution. Mais tout comme les révolutions actuelles (« citoyenne » en Equateur, « bolivarienne » au Venezuela, « démocratique et culturelle » en Bolivie) ont été rendues possibles grâce aux victoires électorales, les électeurs peuvent également leur retirer leur soutien. Tout cela les oblige à « forcer » des réélections illimitées. Après avoir trébuché aux récentes élections locales, Correa s’est montré disposé à revoir sa décision de ne pas chercher une nouvelle réélection, et cela en dépit du fait qu’une bonne partie du sommet de l’Alianza Pais (le parti au pouvoir, NdT) s’est prononcé contre.
Dans le cas des gouvernements plus réformistes, on a cherché à résoudre la continuité avec une plus grande insertion institutionnelle des partis et avec des réélections non consécutives. Bachelet est ainsi revenue au pouvoir, Tabaré Vasquez attend son tour et Lula fonctionne comme réserve face au moindre faux pas de Dilma et comme possible candidat présidentiel à l’avenir. Tout cela démontre que, même dans les gauches partisanes les plus institutionnalisées, il n’y a pas d’authentique processus de rechange des élites et que le poids des leaders reste énorme ; pour le dire brièvement : c’est plus du « lulisme » que du « pétisme » [référence au PT, le parti des travailleurs, NdT].
Dans tous les cas, les gauches sont aujourd’hui confrontées au défi de penser de nouveaux agendas afin d’approfondir les changements. La référence à la « longue nuit néolibérale » est de moins en moins efficace dans la mesure où les générations plus jeunes ne l’ont pas vécue et que les autres ont commencé à l’oublier et à poser des demandes liées aux nouveaux problèmes. Le Brésil traverse précisément ces tensions, avec un PT plus que jamais étatisé et ankylosé et une nouvelle génération qui met en avant de nouvelles revendications en rapport à l’espace public, à l’éducation, à l’écologie, au transport, aux dépenses de la Coupe du Monde, et le tout au milieu d’une dés-accélération de l’économie.
En Bolivie, les nouveaux secteurs qui ont accédé à la consommation seront bientôt des indigènes d’une nature différente des anciens exclus par le capital ethnique de la blancheur de la peau. Le cas uruguayen mérite encore plus d’analyses, avec sa combinaison de mesures sociétales audacieuses (légalisation de l’avortement et du cannabis) et de politiques économiques bien plus conventionnelles et favorables aux investissements étrangers.
En résumé : à la différence des premières années, où l’opposition était facilement assimilable à l’ « ancien régime » néolibéral, aujourd’hui le destin des gauches se joue dans leur créativité, leur ouverture à de nouvelles formes de faire la politique et à leur capacité à maintenir la stabilité et la croissance. Et, non moins important, dans leur habileté à éviter que l’étendard du changement leur soit arraché par une droite post-moderne avec de nouveaux visages, des discours rénovés et des candidats plus jeunes et plus entraînés à déployer leurs campagnes dans les contextes post-néolibéraux ouverts précisément par les gauches elles-mêmes.
Pablo Stefanoni est un journaliste argentin et rédacteur en chef de la revue « Nueva Sociedad »
Article publié dans « Le Monde Diplomatique » (édition latino-américaine), Buenos Aires, mai 2014, numéro spécial « Fractures en Amérique Latine ».
Source :
http://www.vientosur.info/spip.php?article9161
Traduction française pour Avanti4.be : Ataulfo Riera
Notes :
[1] William Neuman, « Turnabout in Bolivia as Economy Rises From Instability », New York Times, 16/2/2014.
[2] Rubén Guillemí, « Bolivia da la nota : ya es uno de los países más pujantes de la región », La Nación, 13/4/2014
[3] http://www.economiayfinanzas.gob.bo/index.php?opcion=com_media&ver=video&id_item=100&categoria=31&idcm=761
[4] José Fernández Vega, « El monstruo amable Nuevas visiones sobre la derecha y la izquierda », Nueva Sociedad, Nº 244, mars-avril 2013.
[5] Les réserves internationales dépassent déjà 50% du PIB.
[6] Voir : Nicolás Comini et Alejandro Frenkel : « Una Unasur de baja intensidad. Modelos en pugna y desaceleración del proceso », Nueva Sociedad, Nº 250, mars-avril, 2014.
[7] « Nous avons besoin de réduire le rôle de l’Etat dans la société, et je ne suis pas du ’Tea Party’ pour dire cela », a déclaré il y a peu un ex-diplomate et encore conseiller du gouvernement.
[8] Juan Arias, « El sueño secreto de Lula con Cuba », El País, 6/3/2014.
[9] El Universal, Caracas, 8/4/2014.
[10] Eduardo Gudynas, « Izquierda y progresismo : Dos actitudes ante el mundo », El Desacuerdo, La Paz, 17/4/2014.
[11] Soraya Constante, « Ecuador inaugura su ‘Silicon Valley’ », El País, 6/4/2014.
[12] Maristella Svampa, « Consenso de los Commodities » y lenguajes de valoración en América Latina », Nueva Sociedad, Nº 244, mars-avril 2013.
[13] Noticias eclesiales, 11/1/2014. http://www.eclesiales.org/noticia.php?id=002097
[14] « Ministerio de Salud de Ecuador entregará la pastilla del día después de forma gratuita », El Universo, Quito, 26/3/2013
[15] « Doce parejas homosexuales legalizaron su unión de hecho en Ecuador », Sentido G, 2/7/2010.
[16] Sur les stratégies de lutte des organisations LGBT et les tensions à l’intérieur des mouvements, voir : Bruno Bimbi, Matrimonio igualitario, Planeta, Buenos Aires, 2010.
[17] Franklin Ramírez, « La confluencia post-neoliberal », mimeo, 2014