4 décembre 2013
La scène se produit le 15 novembre dernier, lors de la retransmission en direct du programme Enlace ciudadano (Lien citoyen), sorte de version équatorienne de l’émission animée autrefois par Hugo Chávez, Aló Presidente. Alors que Rafael Correa, le premier mandataire équatorien, répond un à un aux messages envoyés par les téléspectateurs, le présentateur l’interroge sur un récent voyage en France. Résonne alors le refrain d’un morceau de Francis Cabrel, Je l’aime à mourir, que Correa fredonne à son tour. Il traduit les paroles à son auditoire avant d’embrayer sur d’étonnantes explications : « Je l’aime à mourir, ça, c’est la version pour les célibataires. Une fois que tu es marié, la traduction la plus (...)
2 septembre 2013
Le processus socio-politique de modernisation accélérée que vit l’Equateur depuis six ans et demi ne provoque pas seulement des changements physiques (développement des infrastructures) et dans la réduction des indices de pauvreté. Il entraîne également des bouleversements dans le domaine des acteurs ayant le plus d’impact dans le domaine social.
Bien que le gouvernement a eu la capacité de générer un réseau clientéliste autour des organisations sociales, ce qui lui a permis de contrôler dans une grande mesure leur capacité de réaction aux politiques publiques néfastes (licenciements de travailleurs du secteur public, politique de criminalisation de la protestation sociale, négociation d’un traité de (...)
21 août 2013
L’une des initiatives écologiques les plus originales de ces dernières années avait pour but, en Equateur, à laisser le pétrole dans le sous-sol afin de préserver l’Amazonie et ses peuples indigènes. Cette idée venait de la société civile et s’était concrétisée en 2007, pendant le premier gouvernement de Rafael Correa, dans un projet de protection du Parc National Yasuni et de ses zones adjacentes (connues par l’abréviation ITT). Ces efforts viennent d’être sabordés il y a quelques jours, quand le gouvernement a annoncé l’annulation de cette initiative et l’autorisation de l’exploitation pétrolière dans la région.
L’idée d’un moratoire sur l’exploitation pétrolière au Yasuni-ITT a mûrie pendant de nombreuses (...)
, 8 mai 2013
La promotion de la grande industrie minière à ciel ouvert s’est installée ces dernières années parmi les gouvernements progressistes d’Argentine, de Bolivie, du Brésil, d’Equateur, d’Uruguay et de tant d’autres pays. C’est une stratégie qui, à première vue, est bien loin de ce qu’on pourrait attendre d’un gouvernement de gauche. Comment donc des progressistes peuvent-ils défendre ce type d’industrie ? Ces gouvernements invoquent depuis peu les penseurs classiques du socialisme. Selon certains, si Marx vivait à notre époque en Amérique latine, il serait en faveur de l’« extractivisme ». Voyons cela d’un peu plus près…
La promotion de l’extractivisme s’est généralisée parmi les forces progressistes (...)
, 3 mars 2013
Rafael Correa a écrasé l’opposition de droite, comme cela avait d’ailleurs été prédit par Alberto Acosta, le candidat à la présidence de la liste Unidad Plurinacional de Las Izquierdas (Unité Plurinationale des Gauches) dans l’interview réalisée par Franck Gaudichaud.
Cette coalition regroupe une dizaine d’organisations, du centre-gauche à la gauche radicale, parmi lesquelles Pachakutik (bras politique de la Confederación de Nacionalidades Indígenas de Ecuador, CONAIE) et le Mouvement Populaire Démocratique, d’origine maoïste et fort implanté dans le syndicat enseignant. Elle n’a pourtant réalisé qu’un résultat inférieur aux prévisions, qui au moment où nous écrivons (moment où le scrutin se base sur (...)
, 13 février 2013
La « révolution citoyenne » en Équateur est l’un des symboles des expériences post-néolibérales sud-américaines et le gouvernement de Rafael Correa est souvent évoqué comme une référence par de nombreuses gauches européennes. Les prochaines élections présidentielles auront lieu dans ce pays le 17 février 2013, dans une conjoncture politique où l’opposition conservatrice a été incapable de présenter une candidature unique et alors que le gouvernement conserve une très forte avance dans les enquêtes d’opinions, mais avec une baisse notable après 6 ans de pouvoir. Il y a deux ans, nous avions établit un premier bilan critique de l’expérience équatorienne au cours d’une conversation avec l’intellectuel et (...)