15 juin 2014
Deux événements très récents résument la situation en Tunisie. Le 27 mai dernier se tenait à Kasserine, l’un des berceaux de la révolution, le procès contre Khaled et Issam Omri, frères du martyr Mohamed Omri, accusés d’avoir incendié un commissariat pendant les révoltes contre Ben Ali. Autrement dit, ils sont accusés d’avoir fait la révolution. Pendant l’audience, le chef de la police locale a interrompu la plaidoirie de l’avocat de la défense, Charffedine Kellil, pour le menacer de mort (« tu ne sortiras pas vivant de la ville ») tandis que ses collègues attaquaient les citoyens rassemblés à l’extérieur du tribunal et expédiaient à l’hôpital trois journalistes.
Le second événement s’est déroulé cette même (...)
26 mai 2014
Il y a quelques jours, Al-Jazeera diffusait une brève vidéo, obtenue et sortie de prison de manière clandestine, avec des images de Abdallah Ashami, le correspondant de la chaîne qatarie détenu depuis 9 mois, arrête alors qu’il couvrait l’expulsion criminelle de la place Rabia Al-Adouia où, le 14 août 2013, furent assassinés plus de 700 partisans du président renversé Morsi.
En grève de la faim et dans l’attente de son procès pour « soutien au terrorisme », son cas résume très bien la situation de la liberté d’expression en Egypte après le coup d’Etat du 3 juillet. Selon l’Observatoire des Droits de l’Homme égyptien, depuis cette date 8 journalistes seraient morts, 53 auraient subi des mauvais traitements et (...)
15 avril 2014
Le génocide de 800.000 Tutsis en 1994 a donné lieu à de nombreuses commémorations ces derniers jours, tant au Rwanda qu’en Belgique. Mais si nos médias ont donné à tour de bras dans l’émotion – tout particulièrement autour des 10 paras belges assassinés sur place – ils ont été bien moins soucieux d’expliquer clairement les racines de cet événement monstrueux. Or, celui-ci n’est pas, comme on l’entend souvent, le résultat d’une haine tribale vieille de plusieurs siècles entre des populations à demi-barbares de Tutsis et de Hutus. Le génocide est au contraire l’aboutissement d’une politique orchestrée de division et d’opposition des populations locales, menée consciemment par les grandes puissances européennes – (...)
13 avril 2014
Alors que le rejet de la mascarade électorale d’avril 2014 s’amplifie, comme l’attestent les dizaines de protestations populaires contre la tenue des meetings électoraux, le régime préconise toujours le statut quo par le biais du « 4éme mandat ». Assuré du soutien des milliardaires des organisations patronales, des apparatchiks des « organisations de masses », d’une clientèle opportuniste et de la bienveillance des puissances impérialistes, BOUTEFLIKA, en dépit de sa maladie, est investi de la mission d’incarner symboliquement un « modus vivendi », permettant aux principales factions au pouvoir de respecter « la trêve » et leur assurant le passage à l’après 17 avril sans mauvaise surprise.
Après plusieurs (...)
7 avril 2014
Pour que le projet génocidaire soit mis à exécution, il fallait non seulement un régime pour le concevoir et se doter des instruments pour sa réalisation, mais aussi une masse appauvrie, prête à réaliser l’irréparable. Dans ce pays, 90% de la population vivaient à la campagne, 20% de la population paysanne disposaient de moins d’un demi-hectare par famille. Entre 1982 et 1994, on a assisté à un processus massif d’appauvrissement de la majorité de la population rurale avec, à l’autre pôle de la société, un enrichissement impressionnant pour quelques-uns.
Selon le professeur Jef Maton, en 1982, les 10% les plus riches de la population prélevaient 20% du revenu rural ; en 1992, ils en accaparaient 41% ; en (...)
4 février 2014
Le 25 Janvier, les militants de gauche qui tentaient de commémorer le troisième anniversaire de la révolution égyptienne en manifestant sur la place Tahrir du Caire ont été submergés par les partisans de la dictature militaire dirigée par le général Abdul Fattah el-Sisi.
Une semaine et demie plus tôt, les Égyptiens étaient allés aux urnes et avaient approuvé une nouvelle constitution lors d’un vote qui a été largement considéré comme un référendum sur la direction du pays par Sisi. Le vote a suivi un long mois d’offensive menée par le régime contre ceux qui protestaient contre l’éviction du président Mohamed Morsi des Frères musulmans, écarté du pouvoir par l’armée le 3 juillet. Des milliers de personnes ont (...)
12 décembre 2013
Bon, alors, j’imagine que comme moi, vous avez entendu cette terrible nouvelle tombée en fin de semaine dernière : Nelson Mandela est mort. Nelson Mandela est mort, un monument, la fin d’une époque, une page d’histoire qui se tourne et tout et tout.
Nelson Mandela est mort et nous avons pu observer un phénomène vraiment intéressant. Et ce phénomène c’est que tout le monde, mais vraiment tout le monde, de Vladimir Poutine à ma voisine Zigotte Kickebakke s’est senti obligé de lui rendre hommage. Vous avez vu ça, hein ? Ça a été comme si en ne lui rendant pas hommage, on se serait forcément rangé au côté de Dark Vador et Cruella. Et comme si en lui rendant hommage, on espérait s’attirer quelque chose, un (...)
, 12 décembre 2013
La loi draconienne anti-protestation imposée par le régime militaire issu du coup d’Etat de juillet dernier ne dissuadera pas les Egyptiens de retourner dans les rues au nom de la révolution du 25 Janvier. Ci-dessous, une lettre rédigée par des activistes égyptiens.
Le 26 novembre 2013, nous avons vu la première mise en œuvre d’une nouvelle loi égyptienne interdisant de facto toute protestation non approuvée et réglementée par le Ministère de l’Intérieur. C’est le même ministère de l’Intérieur dont les soldats ont tué des milliers de manifestants et torturé et mutilé des dizaines de milliers d’autres anonymes au cours de ces dernières années. Cet appareil de sécurité agit avec une arrogance renouvelée depuis (...)
8 décembre 2013
La mort de Nelson Mandela vient de mettre un terme à l’existence d’un homme qui personnifiait la résistance héroïque à l’apartheid, une lutte à laquelle qui a consacré toute sa vie, même lorsque cela signifiait pour lui un immense coût personnel. Cependant, Mandela a été aussi le sauveur du capitalisme sud-africain, condamnant ainsi tant de ses compatriotes à continuer de subir de terribles difficultés, même après la destruction du régime de l’apartheid. Sa grande popularité en Afrique du Sud, du plus pauvre jusqu’à l’ultra-riche, ne peut être comprise sans prendre en compte ces deux faits.
Mandela a été aimé par les masses en raison de son immense dévouement et de son sacrifice pour la cause, incarné par les (...)
, 6 décembre 2013
La lutte pour l’abolition de l’Apartheid en Afrique du Sud peut servir de référence à la lutte actuelle pour la Palestine, à condition que son histoire soit restituée fidèlement. La place du boycott international dans cette histoire doit être correctement évaluée
Nelson Mandela a forgé sa réputation internationale en 1963, alors qu’il était l’avocat de douze combattants Sud-Africains emprisonnés, dont lui-même, inculpés de sabotage. Lors de ce procès, il affirma avec force que « sans violence, aucune voie de permettait au peuple africain de triompher dans sa lutte contre la suprématie des Blancs (…) Nous avons choisi de défier la loi. Tout d’abord, par des moyens qui évitaient tout recours à la violence ; (...)