4 décembre 2013
Le « Café serré » de Thomas Gunzig de ce mardi 3 décembre sur la Première radio…
Bonjour Georges, bonjour tout le monde,
Alors, ce matin, une question difficile, une question délicate, une question que se posent, je n’en doute pas, chaque matin en se levant et chaque soir en se couchant, nos hommes et femmes politiques. Georges, vous la connaissez cette question ?
Et bien, la voilà. La voilà la question : comment faire, bon sang, mais comment faire pour qu’un maximum de gens soient heureux ? Mais oui, comment faire pour qu’un maximum de gens soient heureux en faisant un minimum de malheureux ? Si c’est pas à ça que ça sert la politique, alors c’est que j’ai rien compris. Et ça, c’est vrai que ce sera pas la première fois.
Alors, évidemment aujourd’hui avec la crise, cette affreuse crise, la question est encore plus difficile. La crise, c’est terrible. La crise, c’est sans pitié. À cause de la crise, les gens sont super tristes, on dirait des vieux pingouins sur la banquise en plastique du zoo d’Anvers. C’est la crise. Tout le monde est déprimé. Tout indique que demain sera pire qu’aujourd’hui et qu’aujourd’hui est moins bien qu’hier. Il n’y a aucun espoir. Mais alors, comment faire, Georges, Bertrand ? Comment faire quand il n’y a plus moyen de rien pour qu’un maximum de gens soient heureux en temps de crise ?
Bon, j’imagine que vous n’avez aucune idée. Et pourtant, il existe une solution, une technique élémentaire, une technique très simple, une technique que tous les parents connaissent d’instinct et dont ils se servent quand ils sentent que le petit va faire une crise et qu’on va se taper la honte dans les rayons du grand magasin. Mais non, Monsieur Libert, pas une fessée malheureuse qui provoquera des dégâts irréparables dans la psyché fragile de votre enfant — regardez-moi.
Non, pas une fessée. Une promesse. Une promesse ! Une promesse, un truc qui fait que ça fait presque comme si ça tu avais le truc que tu veux alors que tu ne l’as pas et qu’après un moment tu vas oublier que tu le voulais et que du coup tu ne vas pas le recevoir mais en attendant, tu n’auras pas fait de crise. La promesse, quelque chose qui te donne l’impression que tu as reçu le truc que tu voulais alors que tu n’as pas entendu qu’il allait falloir le rendre mais que tu l’avais pendant deux minutes et que ça t’a fait comme si tu l’avais. Ça c’est une promesse.
Alors, attention ! La promesse est un art difficile. Il y a deux règles.
La première règle : il faut que ça ait l’air possible. Ne pas promettre la lune. Ne pas promettre la culotte de Rihanna. Il faut que ça ait l’air possible et un peu excitant quand même. Un après-midi quad avec Bertrand Heine. Une journée poney avec Georges Lauwerijs. Ça c’est possible.
Et puis, la deuxième règle, la plus difficile : surtout, quand on fait la promesse, ne pas rire.
Vous voulez un exemple de promesse ? Eh bien, quand le gouvernement a pris la décision de baisser la TVA sur l’électricité qui passera de 21 à 6%, nous avons tous immédiatement entendu cette promesse d’argent facile. Avec les économies réalisées, ce serait Saint-Nicolas tous les jours. Frites et viandes rouges, vacances d’hiver et vacances d’été. La promesse de sièges en cuir dans une limousine allemande. Un mannequin allemand dans des draps de soie. Des bas de soie sur des peaux bronzées. La promesse de vivre comme dans un épisode de Gossip Girl. Ce serait chouette !
Bon, bien entendu, il faudra financer tout ça. Entre 400 et 600 millions d’euros selon Éric de Keuleneer. Et comme il n’y a plus d’argent du tout, le truc c’est qu’on va geler l’index pendant quelques mois. Et que, du coup, on aura moins d’argent. Et que ce sera revenu au même que si on avait rien baissé du tout et laissé la TVA à 21%.
Mais alors, Thomas, pauvre andouille, pourquoi est-ce qu’on a passé tellement de temps à parler de la TVA et de l’index alors qu’on aurai pu parler de rien et passer une chouette soirée à jouer à crapette rapide. Mais Georges, d’abord restez poli et ensuite, réfléchissez : pourquoi a-t-on fait tout ça ? Mais parce que ça nous a fait rêver. Et rêver c’est déjà un peu de bonheur, non ?
À demain.