14 mars 2013
Le "café serré" de Thomas Gunzig du 13 mars sur la Première radio...
Bonjour Georges, bonjour tout le monde,
Neige, neige, neige.
Pape, pape, pape.
Voilà à quoi pouvait se résumer la journée d’hier. Avec à l’arrière de cette mélodie, une ligne de basse un peu effrayante : les mots budget, budget, budget. 2,8 milliards à trouver. Une montagne de pognon pour permettre de ramener le déficit à 2,15 % du PNB conformément aux engagements européens de la Belgique. Ici, je recopiais un bout de l’article.
Inutile de dire que quand la nouvelle est tombée qu’il va falloir trouver 2,8 milliards, ça a foutu une super mauvaise ambiance au gouvernement. Un peu le principe du radeau et des sandwichs mous. Tant qu’il y en a, tout le monde est sympas, on se raconte des blagues, on regarde l’horizon bien à l’aise en pensant à ceux qui sont au travail. Et puis, quand il n’en reste plus qu’un seul de sandwich, c’est là que se révèle la véritable nature des gens.
Donc c’est un peu facile de critiquer les régurgies acides de Didier Reynders, Koen Geens ou Alexander De Croo. Car dieu sait comment Georges, Bertrand et moi par exemple, on se comporterait sur le radeau si il ne restait qu’un seul sandwich. Qui serait le bon, qui serait la brute et qui serait le truand ? Enfin, personnellement j’ai bien une idée. Mais je ne vais pas la dire. Ce sont des collègues quand même. Tout ce que je peux dire, messieurs, c’est que je ne dormirai que d’un oeil et que le premier qui s’approche de la réserve, je lui file un coup de rame. Est-ce que c’est clair ?
Mais je m’égare. Ce matin, je voulais donc vous parler du budget. Et j’ai beaucoup réfléchi. 2,8 milliards. 2,8 milliards. 2,15 % de déficit. 2,8 milliards. Mais comment faire pour trouver tout ce pognon ? Alors, déjà, j’ai une question. Pourquoi, 2,15 % ? Parce que moi je croyais que le chiffre magique c’était 3 %. Mais enfin, on a toujours dit 3 %. Depuis l’aube des temps économiques, on a dit 3 %. On a tellement dit 3 % que plus personne n’est d’ailleurs aujourd’hui capable de dire pourquoi à 3 % et pas à 4 ou 5 ou 82. 3 %, personne ne sait pourquoi. Sans doute un truc qu’on a dit un jour dans un bureau comme ça. Un peu comme on dit « Ah, tu sais qu’on utilise 10 % de son cerveau. ». Ou bien « Les heures de sommeil avant minuit comptent double. ». Ou bien « Il faut boire 2 litres d’eau par jour. ». Le déficit, c’est 3 %.
Bon, donc 3 %. Mais alors pourquoi maintenant 2,15 les amis ? Pourquoi ? Et bien, apparemment, 2,15 %, personne ne l’a demandé. C’est la Belgique qui a proposé ça à l’Union européenne. Genre, pour faire sa frotte balle. Non, mais ça va pas ou quoi ? 2,15 %. Mais qui a proposé ça ? Je suis sûr que ça s’est joué en fin de réunion quand le Belge a voulu épater la petite Nikolina. La représentante bulgare qui avait un petit haut Dolce Gabanna. Un peu vulgaire mais très sexy. Et que le Belge qui a senti une ouverture aura lancé : « 2,15, moi je dis 2,15. Je sens qu’on peut le faire les 2,15. ». Nom de dieu. Mais quel con. Bon, j’espère qu’au moins il a conclu avec Nikolina. Parce que ce coup là il était à 2,8 milliards d’euros. Et qu’il nous a tous gravement fichu dedans. 2,15.
Enfin, bref. Si je résume : au départ, on avait 3 % même si on ne savait pas vraiment pourquoi et puis à cause de Nikolina on a dit 2,15. Et puis ici, tout le monde s’est mis à s’engueuler. Mesures structurelles. Non, mesures ponctuelles. Non, mesures structurelles. Non, ponctuelles. Et dans tous les cas ça va être dur. Ça va être grave. On va égorger les chômeurs. On va ruiner les sociétés. On va briser l’indépendant. On va déshériter les fonctionnaires. Les vieux vont mourir de faim avec des retraites de 18 cents. La misère noire.
Alors moi je me suis posé une question. Vu qu’on ne sait plus trop pourquoi on a dit 3 %. Et vu que les 2,15, on s’en fout, ça ne compte pas, c’était un truc sexuel. Et si on faisait comme avec les contraventions : d’abord on ne paye pas et on attend le premier rappel parce que des fois ça se perd. Je ne pense pas qu’on court un risque énorme. Et en attendant, on passera une chouette fin d’hiver. Voilà. C’est ma proposition raisonnable du jour.
D’ici là à demain.