8 août 2013
Les représentants du PYD (Parti de l’Unité Démocratique, principal parti kurde de Syrie) dans les capitales européennes diffusent ces jours ci un appel international dramatique pour freiner ce qu’ils considèrent comme le début d’une campagne de nettoyage ethnique dans le nord de la Syrie de la part de différents groupes djihadistes – et particulièrement du dénommé « Front d’Al-Nousra » et de l’organisation « Etat Islamique d’Irak et Syrie » (EIIS).
Selon cette dénonciation, des dizaines d’exécutions sommaires se seraient produites, des centaines de kidnappings et des milliers de personnes ont été forcées d’abandonner leurs foyers devant la menace djihadiste, menée au nom de plusieurs « fatwas » (décrets islamiques) dans lesquels ont qualifie les Kurdes de « traîtres » vis-à-vis desquels il serait « halal » (autorisé en accord avec le Coran) de prendre possession de leurs bien et de leurs femmes.
Si cette politique de « terre brûlée » affecte plusieurs zones habitées par les Kurdes dans le nord de la Syrie, les assassinats collectifs, les viols, les tortures et les kidnappings de centaines de civils touchent particulièrement la région comprise entre la ville d’Alep et le bassin du fleuve Euphrate, qui entre en Syrie depuis la Turquie par Jarablous, ville transformée en bastion des organisations islamistes les plus radicales.
Cette campagne aurait donc comme but de briser définitivement la continuité territoriale de la bande frontière contrôlée par la minorité kurde de Syrie – entre 12 et 15% de la population syrienne totale - en rendant ainsi invivable le projet d’autonomie mis en marche par le PYD.
Concrètement, les localités affectées par ces opérations militaires seraient, outre Jarablous, Mambij, située au sud de la première, Al Bab, Al Safira et, surtout, Tall Hassel et Tell Aran, au sud-est d’Alep, où, selon les dénonciations, près de 70 civils auraient été exécutés le 31 juillet et le 1er août, dont de nombreux enfants et femmes. Au total, ces sources estiment à quelques 40.000 personnes le nombre de civils qui ont été forcés de fuir pour échapper à cette opération de nettoyage.
L’une des explications pour ces massacres est l’offensive lancée par les groupes djihadistes et certaines brigades de l’Armée syrienne libre (ASL) proche d’eux, contre le « Front kurde », composé par plusieurs brigades de la même Armée syrienne libre qui, lorsqu’à éclaté la guerre entre le PYD et les organisations djihadistes, auraient pris position en faveur du principal parti kurde et de ses Unités Populaires de Défense (YPG).
Le PYD que le Front kurde évoquent une réunion de chefs de l’ASL qui s’est tenue dans la ville turque de Gaziantep sous la direction de Abdul Jabar al Akidi et dans laquelle aurait été approuvée l’expulsion du Front kurde de l’ASL, en exigeant à toutes ses unités qu’elles remettent leurs armes. La réponse de Hadji Ahmad, dirigeant des brigades kurdes de l’ASL a été nette : « Venez les prendre si vous l’osez ». Dans sa déclaration, Hadji Ahmad, prévient également les pays européens qui ont approuvé l’envoi d’armes à l’opposition syrienne qu’ils « doivent savoir dans quelles mains tombent ces armes et pour quelle utilisation ».
Selon plusieurs sources, plusieurs imams salafistes de Jarablous auraient déclaré une « guerre sainte » contre les Kurdes, affirmant que les musulmans « qui ne les combattent pas sont des infidèles et se dressent contre Allah et son prophète Mahomet ». Pour Hadji Ahmad, au contraire, « ces bandes de matons torturent des gens aisés pour demander des rançons, ils n’ont aucun objectif révolutionnaire et leurs actions sont incompatibles avec l’Islam, elles ternissent son image car il s’agit d’un banditisme qui se consacre au pillage. Depuis quand des bandits, des voleurs et des pilleurs sont-ils des révolutionnaires ? »
Pour sa part, le PYD, dans son appel au soutien de la communauté internationale, considère que « la révolution initiée en mars 2011 par les femmes du marché Hamadiah de Damas s’est transformée en une guerre sanglante entre le régime et une opposition dominée par des groupes liés à Al Qaïda, infiltrée par des volontaires étrangers dont l’objectif est d’instaurer la charia avec une interprétation rétrograde de l’Islam à l’encontre des minorités ethniques et religieuses de Syrie ».
Source : http://www.cuartopoder.es/terramedia/denuncian-masacres-y-limpieza-etnica-en-la-guerra-santa-contra-los-kurdos-de-siria/5289
Traduction française pour Avanti4.be