, 19 janvier 2014
Le « Café serré » de Thomas Gunzig de ce mardi 7 janvier sur la Première radio…
Bonjour Georges, bonjour Madame Laanan, bonjour tout le monde,
Alors, d’abord, bonne année à tous ! Bonne année Georges ! Bonne année Bertrand ! Je suis très heureux de vous retrouver tous les deux. Vous avez l’air en pleine forme. Vous avez une mine magnifique, relax, détendus. Manifestement, ces vacances n’ont pas été trop éprouvantes. Bon, je ne sais pas si ça vous intéresse mais ici sur la Première, on a tous bien assuré. Mais ça, j’imagine que ces Messieurs Heine et Louwerijs n’en ont pas grand chose à faire. Les grands patrons partent en vacances sous les tropiques, les petites mains peuvent bien crever. C’est ça ! Hé bien, merci beaucoup, ça fait plaisir. Mais bonne année quand même !
Enfin, bref. Donc, pendant que vous passiez tous les deux ces quelques jours ivres de mojitos dans votre jacuzzi, moi, comme d’ailleurs vous aussi sans doute, j’étais un peu énervé par cette histoire d’Afghans. Ces Afghans sont d’un sans gêne. Encore plus chiants que les artistes belges et leur statut à la noix. Les Afghans sont d’une super mauvaise volonté. Et qu’on ne veut pas quitter le territoire. Et que soi-disant c’est dangereux pour eux de retourner en Afghanistan. Et qu’on fait des grèves de la faim. Et qu’on se montre partout. Et qu’on fait parler de soi. Et qu’on fait une marche jusqu’à Mons. Et qu’on fout une super sale ambiance au marché de Noël. Et qu’on exige, comme ça, de rencontrer Maggie De Block et Elio Di Rupo qui, comme vous et comme moi, à cette heure, faisaient la file au Colruyt parce que pour les boissons c’est quand même moins cher.
Et voilà que malgré ce comportement tout à fait grossier, le 24 décembre, ils obtiennent un rendez-vous et qu’on leur donne un mois pour peaufiner leur dossier qui sera réexaminé. Bon, vous l’avez vu, malgré ce mois, ce samedi 4 janvier, hop, on en a quand même remballé un chez lui. Un Afghan d’Afghanistan. Décollage à 8h15, direction Kaboul, via Amsterdam et New Delhi.
Alors, trois réflexions suite à cet événement.
Tout d’abord, Elio Di Rupo et Maggie De Block ont gardé leur âme d’enfant farceur. Et ça, dans notre monde plein de cynisme c’est très beau. Les enfants c’est merveilleux. D’ailleurs, tous ceux qui ont des enfants savent qu’un enfant, ça vous promet n’importe quoi pour avoir la paix. Nous savons tous qu’une promesse d’enfant, ça a autant de valeur qu’une pellicule sur le veston de Serge Kubla.
Ensuite, seconde réflexion, on sait que certains des Afghans d’Afghanistan retournés en Afghanistan se sont fait tuer. Mais je ne crois pas non plus qu’après ils soient revenus se plaindre et ça on ne le dit pas assez.
Ensuite, troisième réflexion, puisque le Ministère des Affaires étrangères belge conseille aux Belges de ne pas se rendre en Afghanistan parce que c’est dangereux. Et après vérification, les ministères du Canada, des États-Unis, de France, d’Allemagne et d’Angleterre le déconseillent aussi à leurs ressortissants. Et puis, nos amis des Affaires étrangères suisses ajoutent que sur l’ensemble du territoire, le risque que représentent les attentats terroristes, les enlèvements, les attaques à main armée, les mines terrestres et les obus non éclatés est réel.
Enfin bref. Puisqu’il y a l’air d’y avoir un consensus sur le fait que le coin est plutôt un coin pourri ou n’importe quel être humain est en danger mais que selon Maggie De Block, ce n’est pas dangereux pour les Afghans, nous pouvons en conclure que — Georges, une idée ? — Madame Laanan ? — mais oui, exactement, nous pouvons en conclure que les Afghans ne sont pas des humains.
Je vous avoue que ça, dans un premier temps, je ne l’avais pas remarqué. Mais bon, Maggie De Block est médecin et scientifique, elle est donc plus compétente que moi. Les Afghans ne sont pas des humains. C’est logique. De la même façon que l’Afghanistan, ce n’est pas dangereux pour les papillons ou pour les chats ou pour les pigeons, il n’est pas dangereux non plus pour les Afghans.
Et ça, évidemment, je ne sais pas si vous vous en rendez compte mais ça ouvre des perspectives. Des gens — enfin, pardon, des êtres vivants — qui ne sont pas en danger là où c’est dangereux pour nous les humains, ça peut certainement être utile. Vous voulez nettoyer les cuves de Fukushima, appâter des requins, vous voulez quelqu’un pour filmer une éruption volcanique, quelqu’un pour distribuer des tracts MR à Charleroi ou, pire, pour faire artiste en Belgique ? N’hésitez plus, demandez à un Afghan. Lui au moins, il ne risquera rien.
À demain.
Irène Kaufer
Elle l’a dit ou elle l’a pas dit ?
Si elle dit qu’elle ne l’a pas dit
Elle l’a pas dit
Elle sait ce qu’elle dit Maggie
Je suis médecin donc très humaine
Pas une impératrice romaine
Le pouce levé c’est pas mon look
Sinon pour liker sur Facebook
Qu’importe qui souffre ou qui saigne
Tout le monde à la même enseigne :
Maladie – diagnostic – potion
Réfugiés – Refus – Expulsion
Elle l’a dit ou elle l’a pas dit ?
Elle l’a peut-être dit un lundi
Et puis oublié le mardi
Mais si elle dit qu’elle l’a pas dit
Elle l’a pas dit
Il faut lui faire crédit Maggie
Je suis la Secrétaire d’État
Des malheureux j’en vois des tas
J’suis du même fer que l’autre Dame
J’fais mon boulot sans états d’âme
La nuit je rigole sous ma couette
En répétant « De wet is de wet »
Pas de place pour les lamentos
Pour le cœur, il y a des restos !
Elle l’a dit ou elle l’a pas dit ?
Si elle l’a dit le mercredi
Elle s’est dédit le jeudi
A-t-elle menti pou démenti ?
Mais si elle dit qu’elle l’a pas dit
Elle l’a pas dit
C’est une divine diva Maggie
Des appels de détresse, où ça ?
Se noyer à Lampedusa
Loin de chez soi, quel triste sort
Mais vous savez la Mer du Nord
Qui reste froide, même en été
À aussi ses propres dangers
Avec son pétrole ses méduses
Et ses crevettes venimeuses
Elle l’a dit ou elle l’a pas dit ?
Si elle l’a dit le vendredi
Le samedi elle a maudit
Ces mots dits bien à l’abri
Mais si elle dit qu’elle l’a pas dit
Elle l’a pas dit
Elle sait ce qu’elle dit Maggie
Lâchez-moi avec vos Afghans
D’accord la guerre c’est pas marrant
Mais nos quartiers sont pas plus sûrs
Sortez le soir et je vous jure
Que des fois ça vous fout les boules
C’est pas plus tranquille qu’à Kaboul
Elle l’a dit ou elle l’a pas dit ?
Elle l’a peut-être dit un lundi
Et puis oublié mardi
Elle a confirmé mercredi
Le jeudi elle s’est dédit
Le vendredi elle a maudit
Ces mots dits bien à l’abri
Le samedi elle a démenti
(dimanche c’est relâche)
Mais si elle dit qu’elle l’a pas dit
Elle l’a pas dit
Par un simple tour de… Maggie
Source : www.irenekaufer.be