Le véritable nez anversois ne coule pas

Thomas Gunzig 4 mars 2013

La "café serré" de Thomas Gunzig du 20 février sur la Première radio...

Bonjour Pierre-Yves, bonjour tout le monde,

Alors ce matin, je voulais juste rendre un hommage tout particulier à la N-VA qui prend une fois encore les décisions courageuses qu’imposent notre époque troublée.

Vous l’avez vu, Liesbeth Homans, la nouvelle présidente N-VA du CPAS d’Anvers a émis le désir de ne plus fournir d’anti-rétroviraux aux séropositifs sans-papiers. Sauf, peut-être, à condition que le sans-papiers en question s’engage à retourner dans le bête pays pauvre et puant d’où il vient, d’Afrique, d’Asie, du Moyen-Orient ou de Wallonie. Enfin bref, d’où vous voulez mais en tout cas pas de Flandre.

Alors, vous l’avez vu, tout le monde a critiqué cette position. Et j’avoue ne pas comprendre pourquoi car personnellement, cette position me semble tout à fait justifiée. Vous savez ce qu’on dit : on ne peut pas accueillir toute la misère du monde. Et j’ajouterais, ni même la moitié, ni même le centième.

D’ailleurs, franchement, je suis comme Liesbeth et je me demande bien à quoi il sert le monde. Bon dieu, c’est vrai, le monde, ce grand truc encombrant et un peu sale qui entoure Anvers et la Flandre. Et qui observe et qui attend comme une meute de loups que les petits agneaux soient endormis pour leur sauter sur le poil. Et oui, le monde. Le monde et sa misère. Le monde est un vrai coupe-gorge, super mal fréquenté.

Je suis exactement comme Lisbeth et j’aime pas tellement le monde. Et je me demande même si il ne faudrait pas prendre des mesures pour aller ailleurs. Je ne sais pas moi, genre sur Pluton. Pluton où, entre les glaces de méthane et les glaces d’azote, il parait qu’on a pas mal la paix et qu’il n’y a pas un seul putain de sans-papiers malade sur ces 2000 km2.

Cela dit, si un jour ça se fait ce départ pour Pluton, au loin du monde, je veux quand même bien revenir de temps en temps avec mon Opel Astra Break pour aller avec Sun Snack me taper des Bacardi Coca, des coups de soleil et des indigènes à Ourgada, à Rimini, à Alicante, à Corfou ou à Agadir. Des chouettes destinations. Des chouettes destinations vraiment pas chères en plus car les gars qui vous servent les Bacardi sont payés 50 cents de l’heure. Et encore, ça c’est quand ils sont payés. C’est vrai, ça ne fait pas beaucoup d’argent. Mais au moins, ils ont le soleil et ça, ça n’a pas de prix. Et puis, si ce n’est pas assez, ils peuvent toujours proposer des extras aux clients : 20 euros la pipe et l’amour. Avec le risque de s’attraper le sida en passant. Sida qu’ils viendront ensuite se faire soigner à Anvers au frais du CPAS quand la chaîne hôtelière aura fermé à cause d’une guerre pour des matières premières. Matières premières qui se retrouveront dans les GSM des cadres qui leur ont filé le sida. Comme quoi tout est dans tout.

Oui, je comprends vraiment Liesbeth que je trouve malgré tout un peu tiède. Car pourquoi limiter sa remarque au sida. Il était question des femmes enceintes, ok. Mais est-il nécessaire de souligner ici le risque sanitaire que représente la grippe ? Alors les sans-papiers grippés, pas de soin, rentrez chez vous. À Anvers, pas de grippe. Ou bien l’insupportable danger que représente un nez qui coule. Le véritable nez anversois ne coule pas. Alors, sans-papiers, vas faire couler ton nez ailleurs. Et puis, excusez-moi de soulever ce délicat problème à une heure de grande écoute mais avez-vous déjà réfléchi au fait que peut-être les sans-papiers avaient de la flore intestinale. Non, pas de flore intestinale sans papiers sur le sol anversois.

Bon sang, c’est vrai que du coup, ça sentira un peu l’eau de javel. Que ça va faire une ville qui ressemblera à un poisson mort. Mais au moins, on sera entre nous.

À demain.