Grèce : Réactions d’organisations de la gauche radicale face aux événements concernant l’Aube Dorée

DEA, SEK, Syriza 3 octobre 2013

Déclaration du SEK sur l’arrestation de dirigeants néonazis en Grèce

L’arrestation de Michaloliakos [député, dirigeant de l’organisation néonazie Aube Dorée] n’est qu’un premier pas vers le démantèlement de la machine meurtrière néonazie et ses protecteurs !

1. L’arrestation de Michaloliakos, Kasidiaris et d’autres dirigeants d’Aube Dorée est une victoire pour le magnifique mouvement antifasciste qui est descendu dans la rue après l’assassinat de Pavlos Fyssas. Elle rompt enfin l’immunité provocatrice des assassins néonazis, et ceux qui les protègent sont obligés de se poser en persécuteurs - tardifs. Nous célébrons ce tournant et nous organisons les prochains pas.

2. Notre première revendication est l’extension, en largeur et en profondeur, de ce démantèlement à l’ensemble de l’appareil assassin. Les meurtriers et leurs maîtres à penser ne sont pas que trente-quatre. Dans chaque quartier, dans chaque endroit où des officines d’Aube Dorée sévissaient, nous revendiquons le démantèlement complet des ces réseaux. Cette épuration antifasciste doit inclure les officiers de la police hellénique qui ont généreusement collaboré avec Aube Dorée, les procureurs qui ont violé leur devoir et ceux qui ont financé les opérations de ses bandes d’assassins.

3. En même temps, nous revendiquons la démission de tous les hauts responsables qui les ont aidées, et qui ont la responsabilité politique pour l’extension des liens de l’Etat avec les néonazis. Qui a introduit dans le Service d’Intelligence National (EYP) le cousin d’un membre d’Aube Dorée, qui était impliqué dans le scandale de l’enlèvement de Pakistanais pour le compte de l’ex-ministre Voulgarakis en 2005, sinon [le premier ministre grec] Samaras lui-même ? Qui était en charge de la police, sinon Dendias ?

La coalition PASOK (gauche)–Démocatie Nouvelle [droite), au lieu de prétendre représenter la direction du « spectre constitutionnel », doit démissionner. Non seulement pour leur implication directe dans la protection des néonazis, mais parce qu’ils ont préparé le terrain en augmentant la pauvreté à travers les Memoranda, et en jouant la carte raciste. C’est ce gouvernement qui a fermé des écoles et des hôpitaux et a ouvert des camps de concentration. Il faut qu’ils s’en aillent maintenant.

4. La gauche a une obligation d’être à la tête des ces luttes, en liant la résistance aux licenciements, aux fermetures et à la privatisation à travers les Memoranda à la lutte antifasciste. Elle doit construire un mouvement ouvrier fort contre la Troika FMI-UE-BCE, qui avec les cpaitalistes grecs sont ceux qui dirigent véritablement le système qui crée des crises, la pauvreté, le racisme et les néonazis.

5. Les avancées de ces derniers jours, avec les grèves et les manifestations antifascistes, démontrent que des milliers d’activistes s’orientent vers un tel mouvement. Nous saluons le rôle pionnier d’ANTARSYA [coalition de partis d’extrême-gauche, dont le SEK] dans les récents mouvements grévistes et antifascistes, et nous appelons à soutenir le mouvement antifasciste KEERFA qui a créé les bases de ce mouvement antifasciste. Le rassemblement national et le meeting antifasciste international des 5-6 octobre est un grand pas dans l’organisation de la suite - jusqu’à la victoire.

Athènes, 28 septembre 2013.

Comité central du SEK (Parti Socialiste des Travailleurs - organisation membre de la coalition anticapitaliste Antarsya)

Traduit de la version anglaise publiée par Socialist Worker (UK)
Source : http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article29905

Ecraser les néonazis d’Aube dorée. Renverser le gouvernement Samaras et les plans d’austérité

Le premier ministre Antonis Samaras et le gouvernement de coalition de la Nouvelle Démocratie et du PASOK (Mouvement socialiste panhellénique du vice-président Evangelos Venizelos) ont été forcés de se s’attaquer à l’organisation néonazie Aube dorée, après avoir attendu très longtemps de manière criminelle.

1. Les facteurs qui les ont contraints à opérer un tel « tournant » – parce que nous avons tous en mémoire que jusqu’à hier leur tactique concrète consistait à couvrir les néonazis – sont évidents :

a. Il y a d’abord le sang de Pavlos Fyssas [le musicien assassiné à coups de couteau le 16 septembre par un membre d’Aube dorée, Giorgios Roupakias]. Son meurtre fut un événement majeur très grave. Il toucha et émotionna la majorité des travailleurs et de la jeunesse. C’était un « incident » qu’il était impossible de « cacher sous le tapis », comme cela a été fait avec des centaines d’attaques mortelles contre des immigré•e•s, qui furent dissimulées avec la participation des partis bourgeois, de l’appareil d’Etat et des mass media.

b. Il y a le mouvement antifasciste, antiraciste. Les manifestations antifascistes qui ont éclaté immédiatement après l’assassinat menaçaient – sur un arrière-fond de grèves [des enseignants du secondaire,du primaire, des hospitaliers, des salariés de la sécurité sociale,etc.] et de colère sociale – de créer un nouveau front de la lutte contre le gouvernement d’Antonis Samaras de la Nouvelle Démocratie.

c. Il y a le fait que – au plan politique et social – Samaras se trouvait le dos au mur. Il faisait face à la grève des enseignants et à la perspective d’une relance de la grève des hospitaliers et des travailleurs municipaux. Il se devait de mettre en marche de nouvelles mesures d’austérité et de signer un nouveau mémorandum à ce sujet, suite aux demandes de la troïka (UE, BCE, FMI) et des créanciers [quelque 98% des dits prêts reçus par la Grèce, à condition que des mesures brutales d’austérité soient appliquées, retournent directement dans les poches des créanciers]. La base politique soutenant le gouvernement était en train de se déliter. Aube dorée commençait à mettre en question l’hégémonie de la Nouvelle Démocratie au sein du bloc social de droite et prétendait se l’approprier. La direction de la Nouvelle Démocratie était sous le coup de critiques dans son propre parti et aussi des médias qui lui étaient favorables.

Ce sont ces facteurs qui ont imposé finalement à Antonis Samaras l’option d’attaquer Aube dorée. Il a été forcé d’attaquer le parti néonazi qui jusqu’à hier était traité comme un « parti-frère » par ses principaux conseillers, dans le cadre de leur stratégie visant à réorganiser un bloc social de droite en tant que courant de masse anti-ouvrier, anti-grèves, anti-gauche.

2. Le mouvement de résistance des travailleurs et de la jeunesse, et spécialement du mouvement antifasciste et antiraciste, se doit d’exploiter cette opération du gouvernement, afin de faire pression dans le but d’écraser concrètement et définitivement les néonazis. En vue d’atteindre cet objectif, il est très important de faire en sorte de démanteler les liens établis par les nazis au sein de la police, de l’armée, du système judiciaire, de l’Eglise et du grand business [entre autres les armateurs et des spéculateurs immobiliers] qui finançait Aube dorée.

La revendication de faire la clarté dans tous les domaines est une précondition pour la défense et l’avancée des droits démocratiques et des libertés politiques pour l’ensemble de la classe ouvrière et des masses populaires.

Il y a un là débat public en cours où nous devons mettre l’accent sur un élément : les nazis n’ont pas le droit de se réclamer des droits démocratiques. Cela parce qu’ils les utilisent – et veulent les utiliser – afin de former des forces politico-militaires qui agissent dans l’ombre, de la manière la plus anti-démocratique, contre les immigrants, contre chacun qui est « différent », contre les syndicats et contre la gauche. Cette menace mortelle – dont la preuve a été administrée, entre autres, à l’occasion du meurtre de Pavlos Fyssas – n’a pas le droit de se cacher derrière « la feuille » – comme eux-mêmes l’appellent – des droits démocratiques, droits que nous avons gagnés au travers de nos combats durant des années qui on fait suite à la chute de la junte militaire.

3. Durant cette période, nous ne devons pas oublier – comme les médias tentent de nous y inciter – le tableau d’ensemble : l’arrière-fond de tous les développements politiques réside dans la brutale attaque de la classe dominante et des créanciers. Il s’agit des politiques d’austérité qui ont pour but d’écraser les acquis sociaux des travailleurs, des masses populaires et des jeunes. Samaras [ND] et Venizelos [PASOK] cherchent à se poser comme des gardiens de la démocratie, afin d’obtenir la force politique dont ils ont besoin pour imposer un nouveau mémorandum [Schäuble, ministre des Finances de Merkel,a indiqué clairement qu’un prêt de 77 milliards d’euros serait conditionné à un ensemble de nouvelles mesures d’austérité].

C’est la raison pour laquelle Samaras et Venizelos continuent de faire usage de la tactique ignoble visant à attaquer les « deux extrêmes », une tactique qui jusqu’à hier donna une légitimité à Aube dorée en le mettant sur le même pied que la gauche et plus spécifiquement SYRIZA. Les menaces pénales du gouvernement contre les résidents de la Chalkidiki ( région où une vaste mobilisation a lieu contre le développement d’un projet de mine d’or qui aboutirait à une destruction de l’environnement ) et contre le staff administratif des universités qui est en grève doivent tous nous alerter. Nous ne devons pas permettre – soi-disant au nom de la démocratie – de réduire les droits démocratiques actuels de la majorité sociale qui est en lutte.

A cause de tout cela, la nouvelle stratégie qui a été promue est très dangereuse. Au nom d’isoler Aube dorée, il y a un effort visant à créer une « unité politique » de tous les partis sans existence concrète et absolument injustifiée afin de mettre en place le célèbre « arc constitutionnel ». Tous les courants de la gauche doivent éviter ce piège. Le combat pour isoler les nazis, la lutte pour effectivement liquider Aube dorée, fait partie intégrale du combat pour annuler le mémorandum, du combat pour défendre les travailleurs et leurs droits sociaux contre les politiques d’austérité très dures.

La grande victoire contre les nazis sera la victoire contre le bloc de droite et contre les forces pro-austérité. Ce sera une victoire politique de la gauche, qui préparera la voie pour une émancipation socialiste de la société.

C’est la direction dans laquelle nous devons nous engager fermement, revendiquant aujourd’hui l’écrasement réel et complet des néonazis.

DEA, 29 septembre 2013

DEA (Gauche ouvrière internationaliste), est membre de la plateforme de gauche de SYRIZA
Traduction A l’Encontre. http://alencontre.org/

Communiqué du secrétariat politique de Syriza sur l’évolution des évènements concernant Aube Dorée

Depuis maintenant deux ans une partie de l’establishment politique, médiatique et entrepreneurial a fourni l’espace et la nourriture pour que le monstre du fascisme se développe et se fortifie.

Dès le premier instant nous avions fait remarquer qu’Aube Dorée n’est pas seulement un parti politique fasciste mais une bande criminelle.

Grandes sont les responsabilités de tous ceux qui feignent maintenant la surprise, des hypocrites qui, sous la pression de l’opinion publique nationale et internationale, sont obligés d’acter ce qui découle de l’évidence. Ce sont ceux-ci mêmes qui jusqu’hier affichaient tolérance et complicité.

Ce sont ceux-ci mêmes qui détournaient le regard des interconnexions des criminels avec des poches au sein même du mécanisme d’état.

Ce sont ceux-ci mêmes qui sans rougir caressaient même des pensées d’une collaboration postélectorale avec ceux-là.

Ce sont ceux-ci mêmes qui à toute occasion utilisaient Aube Dorée pour attaquer SYRIZA, en falsifiant l’histoire, en invoquant la pitoyable théorie des deux extrêmes.

Aujourd’hui la preuve est apportée que la démocratie et le cadre légal en vigueur fournissent tous les moyens afin que les criminels soient placés en face de la Loi de manière décisive.

Enfin monsieur Samaras acte ce qui découle de l’évidence.

Même si c’est tardif.

Même si cet acte arrive après cinq assassinats et des centaines d’agressions.

Cependant après ces récentes évolutions une page est tournée objectivement. Aussi bien le choix politique de la tolérance envers les néonazis que la fiction minable des deux extrêmes s’effondre avec fracas.

Les évidentes responsabilités du gouvernement ne sont pas prescriptibles.

Toutefois ce qui maintenant est prioritaire est de faire avancer le couteau jusqu’à l’os et d’éradiquer les poches nazies du mécanisme de l’état.

SYRIZA s’est trouvé jadis et toujours en première ligne du combat contre le fascisme, en première ligne du combat pour la défense de la Démocratie.

Ce combat est avant tout politique et idéologique.

Nous faisons appel au peuple grec pour isoler le fascisme politiquement, moralement et idéologiquement.

C’est la seule garantie pour la démocratie et pour une vie politique sans accidents.

Cette démocratie et cette vie politique que le gouvernement du mémorandum n’a pu ou n’a pas voulu garantir, seul notre peuple peut garantir.

Le coup décisif à la menace fasciste sera porté par la démocratie, la justice, la souveraineté populaire.

Par le renversement démocratique de la barbarie des mémorandums.

Par l’issue démocratique et par le verdict populaire.

28/9/2013

Secrétariat politique de Syriza

Source :
http://syrizaparis.wordpress.com/2013/09/