21 décembre 2013
Nous devons à nouveau expliquer où se situe réellement le débat. L’Eglise et les secteurs les plus réactionnaires se dressent à nouveau contre celles d’entre nous qui exerçons notre liberté et pour nous criminaliser. Il ne s’agit pas de savoir quand commence la vie. Pour ce faire, la science a plus à nous dire que l’Eglise.
Ils ne défendent pas la vie. Ils ne se préoccupent pas des femmes qui meurent en pratiquant un avortement clandestin, ni des femmes qui ne peuvent se permettre de tomber enceinte parce qu’elles sont sans emploi. Ils ne se préoccupent pas du droit à l’éducation, à la santé, à un logement, à une vie digne pour ceux qui sont déjà au monde. Et ils se taisent face aux politiques d’austérité et de démantèlement des conquêtes sociales.
Car ce n’est pas la vie qui les intéresse : c’est le contrôle du corps des femmes, de leur capacité de reproduction. Il s’agit pour eux de remettre en question la capacité de décision des femmes sur leur propre corps et leur sexualité ; de réinstaurer les rôles traditionnels dans lesquels la femme doit être soumise ; d’imposer un modèle de sexualité lié à la reproduction et de réduire la sexualité au seul modèle hétérosexuel.
Le PP nous menace avec une nouvelle loi - proposée par le Ministère de la Justice et non par celui de la Santé – qui éliminera les 14 semaines d’avortement libre et établira un système de pré-requis plus restrictif que la loi actuelle datant de 1985. Mais dans la situation actuelle, l’avortement n’est déjà que partiellement dépénalisé. Le PSOE avait fait quelques pas en avant mais il n’a pas osé s’opposer frontalement à l’Eglise, ni rompre avec la logique de privatisation.
Le PP menace de convertir à nouveau en délit le choix des femmes sur leur maternité, en nous forçant à devenir mères, sauf si nous pouvons démontrer que nous avons été violées ou si nous courrons un risque grave. Cette loi peut condamner à la mort des femmes qui ne peuvent pas voyager jusqu’à Londres pour avorter. Elle place les mineures sous tutelle en les considérant comme capables de devenir mères, mais pas pour décider de ne pas l’être, alors qu’elles peuvent avoir ce choix lorsqu’il s’agit d’une autre opération chirurgicale.
Cette nouvelle attaque n’est pas isolée des autres mesures que nous subissons : les coupes, les licenciements et la précarité font partie de la même logique. Le capitalisme a besoin de contrôler nos corps pour survivre et sortir de cette crise, pour tirer profit de la situation de la femme sur le marché du travail, pour générer plus de précarité du travail en l’élargissant à toute la classe travailleuse, en chargeant sur le dos des femmes le travail domestique, l’éducation des enfants, les soins aux personnes malades et dépendantes. Pendant ce temps, on coupe dans les budgets publics et on précarise encore plus les conditions de vie des femmes et des autres catégories sociales.
La nouvelle loi est un nouveau tour de vis. Le droit de décider fait partie des droits et des conquêtes sociales et politiques qui entravent les profits du capital et c’est pour cela qu’ils veulent les démanteler. Nous qui luttons au quotidien pour défendre notre dignité, nous devons prendre conscience de ce qui est en jeu. C’est en descendant dans la rue que nous devons faire notre la lutte féministe pour le droit de décider.
Source :
http://www.anticapitalistas.org/spip.php?article29240
Traduction française pour Avanti4.be : Ataulfo Riera