En Belgique comme ailleurs, l’UE ne lutte pas contre la pauvreté... elle la crée !

aDAS 31 mars 2013

Ce 28 mars 2013, le SPP Intégration Sociale nous convie à un nouveau barnum censément « participatif », où les acteurs du terrain social sont appelés à se prononcer sur le Programme National de Réforme 2013, traduction belge de la Stratégie UE2020...

Un écran de fumée de plus pour masquer la réalité des politiques antisociales inhumaines impulsées par l’Union Européenne, servilement appliquée par le gouvernement Di Rupo et sa fidèle « exécutrice », la Ministre Maggie De Block, invitée d’honneur de cette journée.

Comme bien d’autres acteurs du secteur social, l’association Défense des Allocataires Sociaux (aDAS) dénonce ces programmes pompeux et mystificateurs, illustrés par la présente « grand-messe ». Sous couvert paternaliste de préoccupation pour les pauvres, ceux-ci ne servent qu’à légitimer des politiques imposant en fait une régression sociale sans précédent depuis la guerre.

Petit rappel : lancée en grandes pompes par l’Union Européenne en l’an 2000, la Stratégie de Lisbonne promettait de faire en 10 ans de l’Europe « l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde, capable d’une croissance économique durable, accompagnée d’une amélioration quantitative et qualitative de l’emploi et d’une plus grande cohésion sociale » - excusez du peu ! En 2010, lors de la soi-disant Année Européenne de Lutte Contre la Pauvreté, tous les observateurs et les dirigeants européens eux-mêmes ont dû reconnaître l’échec total de cet ambitieux programme, surtout sous l’angle des deux derniers objectifs proclamés.

Un constat qui a été encore tout récemment confirmé au niveau belge, lors du colloque organisé par le SPP-Intégration sociale pour présenter son Annuaire, le 31 janvier dernier, où divers intervenants ont dressé un tableau des plus alarmants quant à la progression de la pauvreté dans notre pays, et souligné le fiasco de toutes les politiques officielles prétendant lutter contre celle-ci.

Il est vrai qu’on ne s’étonne plus de ces effets d’annonce ronflants, toujours démentis à l’heure des bilans : en 2000, les dirigeants de la planète, relayés par le gouvernement belge de l’époque, ne se fixaient-il pas carrément comme objectif « l’éradication de la pauvreté » à court terme ?

Une décennie plus tard, dans une Europe ravagée par la crise, la dégradation des conditions de travail et de vie de millions de citoyens, un chômage toujours plus massif et une misère sociale qui explose, on ne sait pas s’il faut rire ou pleurer, face à ces belles déclarations mégalomanes et à cette poudre aux yeux.

Maggie De Block, Monica De Coninck, Elio Di Rupo... : le vrai visage de l’Europe « sociale »...- libérale !

Car, suprême astuce, c’est au nom même de l’emploi et de cette prétendue « lutte contre la pauvreté » qu’une semblable politique de casse sociale a été développée depuis une décennie partout sur le continent européen, par des gouvernements de droite comme « de gauche », justifiée au nom de « l’Etat Social Actif ».

Cela, à travers la « flexibilisation » à outrance du marché du travail et le démantèlement accéléré de tous les systèmes de protection sociale : Blocage des salaires, recul de l’âge de la pension et suppression des régimes les plus favorables, suppression des prépensions. Exclusions massives de l’assurance-chômage et durcissement des conditions d’accès à celle-ci. Réduction du montant et de la durée des revenus de remplacement, doublée d’une limitation de leur octroi. Et enfin, conditionnalité accrue et soi-disant « contractualisation » de l’aide sociale, qui n’est plus un droit acquis dès lors qu’on répond aux conditions objectives d’octroi, mais une faveur qui doit désormais « se mériter » par une « activation » contrainte et arbitraire.

Rien ne nous a été épargné dans ce catalogue digne du musée des horreurs...

Dernier épisode de ce recul social généralisé : les mesures détricotant un peu plus encore le régime chômage, annoncées par le gouvernement Di Rupo dès sa formation et menées avec zèle par Monica De Coninck : le remplacement des allocations d’attente par des allocations prétendument « d’intégration » bien plus restrictives, et, plus globalement, la dégressivité accentuée et accélérée de toutes les allocations dans le temps... Le tout venant s’ajouter à la « Chasse aux Chômeurs » qui bat plus que jamais son plein depuis le plan Vandenbroucke de 2004. Comme le résume Thierry Bodson, le secrétaire général de la FGTB wallonne : on affame les chômeurs, soi-disant pour qu’ils trouvent du travail (par ailleurs largement inexistant) !

Conséquences de ce bain de sang social, attestées par nombre d’études scientifiques : l’augmentation de la pauvreté sous toutes ses formes, de l’engorgement des CPAS à la progression du sans-abrisme, en passant par la chute de l’espérance de vie et la dégradation de la santé, y compris mentale, la croissance spectaculaire des dépressions et même des suicides...

Lutter contre la pauvreté infantile... en paupérisant et harcelant les parents ?

Dans la même veine des promesses matamoresques, le gouvernement prétend « extraire de la pauvreté » pas moins de « 380.000 personnes », et Maggie De Block surenchérit en proclamant qu’elle va purement et simplement « supprimer la pauvreté infantile ». On se demande bien comment : est-ce en poussant par leur politique dans la plus grande précarité les parents des enfants en question (dont de très nombreuses « familles monoparentales », c-à-d une écrasante majorité de femmes) qu’ils entendent parvenir à ces pieux objectifs ?

Pire encore : pour mieux faire passer ces attaques, visant les couches les plus vulnérables et précarisées de la population, et freiner la solidarité active des travailleurs, une véritable offensive médiatique et politique est lancée pour nous persuader que les pauvres sont « responsables » de leur sort, qu’ils se complaisent dans leur « statut », voire qu’ils sont des fraudeurs et des paresseux (cf. l’odieux dossier « Chômeurs Profiteurs » du Soir, ou les déclarations de Monica De Coninck à La Libre, incroyablement violentes et injurieuses à l’encontre des allocataires sociaux). Un discours d’ailleurs largement repris par les responsables mêmes d’organismes chargés de dispenser l’aide sociale - notamment de nombreux présidents de CPAS.

Stigmatisation qui se traduit par l’obsession de la lutte contre la « fraude sociale », mythique fléaux et épouvantail brandi par Maggie De Block comme un des axes prioritaires de sa politique. Significativement, c’est d’ailleurs celui qui figure en tête des sujets à l’ordre du jour des prochaines « Rencontres Provinciales » avec les CPAS organisés par le SPP-IS : tout un programme !

Cachez ces pauvres que je ne saurais voir

Une campagne discriminatoire qui va jusqu’à la criminalisation des exclus, tel ce projet d’expulsion des mendiants hors du métro bruxellois, sur base d’une Ordonnance bruxelloise prise dans le cadre de la « lutte contre les incivilités » (sic), mis en œuvre fin 2009 par la STIB, à la veille de l’hiver... et de la fameuse Année Européenne de Lutte contre la pauvreté - un comble ! Et son prolongement actuel par des arrêtés pris par diverses communes pour interdire la mendicité sur leur territoire. Sans oublier les mesures prises contre les Roms, pourtant citoyens européens, afin de leur interdire le séjour dans notre pays. Ou encore le projet de loi sécuritaire durcissant la répression des « incivilités », abaissant l’âge des jeunes visés à l’âge de... 14 ans, et élargissant le champ des comportements poursuivis.

Bref, plutôt que la chimérique éradication de la pauvreté, il semble bien que le véritable objectif de ces politiques est d’éradiquer les pauvres. Et en tout cas de les faire disparaître : des statistiques d’abord, et ensuite de nos rues, où cette austérité tous azimuts les pousse en nombre toujours plus important.
Faudra-t-il qu’on en arrive à une situation telle que subissent les peuples grec, espagnol, portugais ou irlandais... pour qu’un mouvement social d’ampleur combatte enfin cette politique révoltante, source directe de l’appauvrissement de fractions toujours plus nombreuses de la population ?

Il est plus que temps de réagir, et de répliquer aux discours mensongers de ceux qui nous écrasent et tentent de nous diviser :

NON, MADAME DE BLOCK, VOUS ET VOS SEMBLABLES
NE COMBATTEZ PAS « LA PAUVRETÉ » : VOUS COMBATTEZ LES PAUVRES !


Association Défense des Allocataires Sociaux (aDAS) – www.ladas.be