Brésil : Deux projets de parti en conflit ouvert dans le PSOL

Insurgencia 18 février 2014

Le IVe Congrès du PSOL (Parti socialisme et liberté, gauche anticapitaliste, NdT) qui s’est tenu à Luziânia a représenté un sérieux recul pour le parti, dans le sens de son affirmation en tant que projet pluriel, indépendant, socialiste, à la hauteur de la nouvelle conjoncture dans le pays et des défis de la réorganisation du mouvement de masse. La choix de la pré candidature du sénateur Randolfe Rodrigues à la présidence de la République ainsi que les fraudes et les intimidations opérées dans la reconnaissance des délégués élus aux plénières ont été les illustrations extrêmes du recul politique et moral qu’a connu le PSOL à ce congrès.

Ces faits constituent une profonde remise en question des décisions prises, non seulement par leur menace sur la démocratie interne, mais aussi de par leur contenu politique. Le sentiment que la pré candidature de Randolfe ne remporte pas l’adhésion de la majorité des militants est légitime, tant parce que les délégués nécessaires pour ce faire ont été élus de manière douteuse que parce qu’elle ne représente pas les aspirations des nouvelles générations qui se sont exprimées dans les rues en juin dernier. Il n’est pas à la hauteur pour représenter la signification et la raison d’être du PSOL dans toute son histoire : celle d’un parti anticapitaliste et socialiste large, d’opposition de gauche. Randolfe ne nous représente pas !

Ce recul nous pousse à tirer les conclusions suivantes :

1) Le PSOL est divisé entre deux projet irréconciliables. Celui qui a obtenu une légère majorité au Congrès est un projet de collaboration de classe et institutionnel, qui va tout faire pour que le PSOL prenne la voie de l’institutionnalisation pour arriver au pouvoir. Autrement dit, c’est une répétition calquée de ce que fut la trajectoire finale du PT (Parti des Travailleurs, au pouvoir, NdT) et une négation du projet original du PSOL.

2) La lutte pour le PSOL n’est ni terminée ni épuisée. C’est une lutte de court terme, vu que ce sera la lutte des classes, l’intensité des montées des luttes dans la rue, ainsi que l’affrontement en cours à l’intérieur du parti qui auront le dernier mot sur ce que sera le PSOL. Cette lutte sera, et est déjà, une lutte très dure, mais aussi pleine de possibilités. En 2014, la gauche du parti doit se regrouper et être présente dans la rue pour défendre avec son poids et ses campagnes la conception de parti que nous impulsons.

3) Nous considérons que jusqu’à la convention du parti, Randolfe est à peine un pré candidat. Nous maintenons la nécessité de réaliser une Conférence électorale sans les vices révélés au Congrès, qui rouvre le débat sur la nomination de la candidature du parti aux présidentielles. A cette occasion il faudra également décider du profil programmatique et des alliances du parti. Une Conférence électorale est un droit démocratique des militants du PSOL. Et tenant compte des circonstances dans lequel s’est déroulé le Congrès, aucun autre mécanisme n’est possible afin de construire la légitimité de la candidature.

4) Nous avançons le nom du camarade Renato Roseno aux secteurs du parti qui se proposent de poursuivre la lutte pour une candidature qui représente la conjoncture ouverte en juin et les positions de la gauche du parti.

5) Nous maintenons la nécessité du Bloc de Gauche en tant qu’espace stratégique d’unité des forces de gauche dans le parti, nécessaire pour lutter pour l’affirmation du PSOL en tant que parti d’opposition de gauche programmatique et socialiste, et cela bien qu’une partie des camarades qui composent le Bloc aient choisi de soutenir la pré candidature de Randolfe.

6) Nous affirmons très clairement dans les espaces internes du parti, dans les rues et dans les luttes sociales, un profil programmatique de gauche pour la dispute électorale.

7) Nous allons œuvrer activement pour que les collectifs sectoriaux du parti puissent contrecarrer toutes les déclarations de la candidature de Randolfe Rodrigues qui nient la nécessité d’un renforcement du parti.

8) Nous stimulerons l’approbation de motions et de résolutions en défense d’un Conférence Electorale, similaire à ce qui s’est fait dans les Etats de Paraná y Ceará, en tenant compte du contexte spécifique de chaque Etat ou municipalité.

Coordination Nationale de « Insurgência »
« Insurgencia » est un courant interne du PSOL.

Source :
http://www.democraciasocialista.org/?p=2485
Traduction française pour Avanti4.be : Ataulfo Riera