10 mai 2014
A l’occasion du premier mai de cette année, les jeunes FGTB ont eu l’opportunité de faire entendre leur voix, via le permanent de la régionale Charleroi & Sud-Hainaut, devant un parterre de militants FGTB et autres représentants de partis politiques. Suite à de nombreuses « controverses », il nous semble important aujourd’hui de publier la version littéraire du discours, approuvé par le comité Permanent de la régionale, prononcé par notre représentant régional pour l’occasion.
Vous constaterez qu’il y a des différences entre la version écrite et l’orale. Elles s’expliquent par le canal de communication différent, par le passage de l’écrit à l’oral. Notre permanent a fait le choix de rendre le texte plus vivant en ne s’attachant pas à l’écrit (pour ne pas avoir l’air de réciter et ne pas rendre l’intervention morne et ennuyeuse). Il n’avait donc pas avec lui, à la tribune, le texte mais bien des fiches de mots clés contenant l’essence du discours.Cette technique entraîne, inévitablement, des différences avec la version littéraire. L’orateur doit donc rester vigilant. Les changements ne sont pas tout à fait volontaire, des mots plus durs sont utilisés mais cela ne change rien au fond politique du discours. Et ce fond politique, nous l’assumons complètement.
En plus des "digressions" orales dues à la méthode utilisée et expliquée avant, une autre précision s’impose ! Certaines choses ont été dites dans la presse et ne sont pas fondées : aucune consigne de vote n’a été donnée par les Jeunes FGTB Charleroi & Sud Hainaut !
Les Jeunes FGTB Charleroi & Sud Hainaut n’ont donné, ne donnent et ne donneront aucune consigne de vote. Nous estimons que c’est à chaque travailleur, avec ou sans emplois, de faire son choix en son âme et conscience. Pour nous, ce n’est pas le rôle du syndicat de donner des consignes de vote. Notre rôle, c’est d’être un contre pouvoir et de dénoncer les politiques gouvernementales qui vont à l’encontre de l’intérêt des travailleurs. C’est de rester critique envers TOUS les partis politiques. D’ailleurs le discours prononcé par les jeunes FGTB au discours du 1er mai à Charleroi se concluait comme suit :
"En cette veille d’élection, gardons à l’esprit que c’est par l’action collective, par la lutte syndicale que nous transformerons à nouveau radicalement ce monde."
Nous sommes particulièrement attaché au point 3 et 4 de la déclaration de principes de la FGTB :
3.Dans un esprit d’indépendance absolue vis-à-vis des partis politiques et respectueuse de toutes les opinions, tant politiques que philosophiques, elle affirme vouloir réaliser ses buts par ses propres moyens et en faisant appel à l’action de tous les salariés et appointés en particulier et de toute la population en général, les intérêts tant moraux que matériels de la très grande majorité de celle-ci étant identiques ou parallèles à ceux des ouvriers, employés et techniciens.
4.Le mouvement syndical acceptera le concours du ou des partis qui joindront leur action à la sienne pour la réalisation de ses objectifs sans se considérer obligé à leur égard et sans qu’ils puissent s’immiscer dans la conduite de l’action syndicale.
Le texte :
"Le 1er mai est une date hautement symbolique et importante. C’est un jour qui a marqué notre histoire, notre héritage social. En 1886, aux États-Unis, nos Camarades ouvriers lançaient un vaste mouvement pour obtenir la journée des 8h : 340.000 ouvriers se mettent en grève générale le 1er mai.A Chicago, l’action se prolonge et plusieurs grévistes sont abattus par la police.Trois ans plus tard, la deuxième Internationale décide de faire de cette date une journée internationale de lutte et de résistance pour l’obtention des 3x8h. Il en faudra des luttes et des grèves mais les travailleurs, les syndicats tiendront bon, ils mettront en place le rapport de force et arracheront les 8h au patronat. Ce sera le début d’une transformation radicale de la société : suffrage universel, congés payés, création de la sécurité sociale,…
Voilà comment est née la journée des travailleurs !
Mais aujourd’hui, Camarades, toutes nos conquêtes sociales sont attaquées et détruites à petit feu. Ce 1er mai, cette journée de lutte internationale, est donc essentielle pour nous : elle doit rester dans nos mémoires et servir d’exemple pour les luttes que nous devons impérativement mener.
Oui, nous parlons de fête des Travailleurs et pas de fête du travail car, en matière de travail, que nous offre cette société ?
– des contrats précaires et de courte durée, limités dans le temps,
– des prestations sous contrat intérimaire où le travailleur se retrouve corvéable et soumis à la pression du patron,
– des salaires de misère qui ne nous permettent plus de vivre et de faire des projets à long terme,
– un chômage de masse qui maintient les uns dans la misère et l’isolement, et place en même temps sous pression ceux qui ont un job et peur de le perdre.
En tentant de nous mettre en concurrence entre travailleurs avec ou sans emploi, le patronat détruit le sens du travail.
De plus en plus, le monde du travail est un monde de violence, de stress et de mise sous pression.
Alors très clairement, aujourd’hui, nous n’avons pas le cœur à fêter le travail !
Et face à cette situation, quelles solutions nous proposent les politiques ? Aucune ! Au contraire, ils n’apportent comme réponse que des mesures libérales, des mesures qui sont dans le cadre d’une logique capitaliste qui les a contaminés et qu’ils ont adoptée !
Alors qu’il n’y a pas de travail pour tous et que le capital organise un chômage de masse pour diminuer les salaires, les politiques au pouvoir imposent le contrôle des chômeurs et les sanctionnent odieusement.
Plutôt que de créer de vrais emplois, ils vident les caisses de la sécu en réduisant les charges sociales des employeurs ! Il ne s’agit pourtant pas de charges, Camarades, mais de cotisations de solidarité, d’une source de financement de la sécurité sociale. Cette sécu que NOUS, syndicalistes, avons créée par nos luttes (contrairement à ce qu’un certain parti voudrait nous faire croire).
Les jeunes ont du mal à s’insérer dans le monde du travail ? Ils les mettent sous pression en les contrôlant dès la sortie de l’école ; ils les poussent au bord de la précarité en limitant dans le temps les allocations d’insertion !Voilà une mesure scandaleuse qui est bien à l’image de la politique menées ces 20 dernières années par l’ensemble des partis au pouvoir. Et la dernière modification qui reconnait le travail à temps partiel, non plus comme une période de chômage mais comme une période de travail ne change rien : des milliers de personnes seront tout de même exclues de leur droit à l’allocation d’insertion ! La limitation dans le temps reste d’application et ça, Camarades, nous ne pouvons l’accepter !
Il y a beaucoup d’autres exemples de décisions injustes et antisociales prises par les gouvernants : pacte des générations, attaques sur les entreprises publiques, gel des salaires et attaque sur l’index, TSCG, etc.
Pour justifier ces décisions politiques, les partis gouvernementaux nous disent que c’est la crise, qu’ils n’ont pas le choix, qu’il faut faire des efforts, attendre que la relance vienne. Et pendant ce temps, des entreprises licencient pour augmenter leurs bénéfices, des bénéfices qui se comptent en milliards ! Ce que nous constatons, nous, c’est que la crise n’est pas la même pour tous. Il n’y a jamais eu autant de richesses produites qu’aujourd’hui. Et ces richesses c’est nous, travailleurs, qui les produisons ! Et nous n’aurons que ce que nous prendrons de nos mains, par la lutte.
Pour y arriver, ne plaçons pas d’espoir vers les partis politiques de la sociale démocratie. Ils sont complices et responsables de cette situation. Nous l’avons vu, les exemples ne manquent pas.
Et c’est l’accumulation de ces exemples qui a amené notre Régionale à prendre une position très claire le 1er mai 2012. Notre ennemi c’est la droite, c’est évident mais nous n’apprécions pas les faux amis. Ces faux amis qui se disent défenseurs des travailleurs, avec ou sans emploi, mais qui appliquent une politique de droite, qui n’hésitent pas à détruire ce pour quoi nous nous sommes battus. Ces faux amis qui se sont laissés enivrer par le goût du pouvoir et se compromettent pour le garder. Ces faux amis, Camarades, n’ont plus notre confiance.
En 2013, suite à l’appel du 1er mai 2012, les militants de la Régionale se sont rassemblés à la Géode pour un grand meeting syndical afin d’élaborer un plan d’action anticapitaliste. 10 objectifs clairs en sont sortis et constituent une véritable solution socialiste.
Voici deux exemples qui nous tiennent particulièrement à cœur :
– face au chômage de masse organisé par le capital, contre le travail précaire : imposons les 32h sans perte de salaire et avec embauche compensatoire !
– face à l’inégalité économique, redistribuons les richesses : mettons fins aux intérêts notionnels et taxons fortement les hauts revenus et le patrimoine des plus riches !
Ces objectifs, nous devrons nous battre pour les faire appliquer, comme nos Camarades se sont battus pour imposer la journée des 8h !
Car une chose est très claire, Camarades, et c’est d’ailleurs par ces mots que se conclut le programme anticapitaliste de la FGTB Charleroi, le capitalisme ne se réforme pas ; le capitalisme ne peut pas devenir un "bon" capitalisme de relance. Le seul bon moyen de réformer le capitalisme, camarades, c’est de le détruire.
En cette veille d’élection, gardons à l’esprit que c’est par l’action collective, par la lutte syndicale que nous transformerons à nouveau radicalement ce monde.
Camarades, le combat ne mène pas forcément à la victoire, mais celui qui ne lutte pas à d’ores et déjà perdu.
Battons nous dès aujourd’hui ! Tous ensemble, unis, pour un syndicalisme de combat radicalement anticapitaliste !
Bon 1er mai, bonne fête des travailleurs !"
La vidéo de la prise de parole :