Palestine : les coûts écologiques de l’occupation israélienne

Alejandro Fierro 15 septembre 2012

Depuis plusieurs décennies, l’Etat d’Israël occupe de manière brutale la Palestine historique. On a beaucoup écrit sur les aspects les plus cruels de cette occupation : les milliers de victimes – 10.000 personnes assassinées au cours de ces 10 dernières années -, la violation systématique des droits humains, le vol continu des terres palestiniennes, l’impunité israélienne et la complicité internationale dans ce crime contre l’Humanité... Cependant, on connaît bien moins les énormes coûts environnementaux qu’implique l’occupation. Il s’agit de coûts que l’on peut qualifier de catastrophiques au vu de ses conséquences gravissimes et dont la principale victime est le peuple palestinien.

La Palestine historique est un territoire très petit, à peine 28.000 Km carrés. Plus d’un tiers est occupé par des zones désertiques, les terres fertiles sont rares et l’eau est une ressource limitée. Sur cette bande de terre exiguë, la colonisation israélienne a imposé depuis la fin du XIXe siècle la logique sioniste d’arracher le maximum de terrain avec le moins de population autochtone possible.

L’instrument principal pour parvenir à cet objectif a été – et continue de l’être – le transfert massif de Juifs du montre entier dans ces territoires afin d’en expulser la population palestinienne. Le mouvement sioniste a instrumentalisé la communauté juive, comme le dénoncent de nombreux membres de cette dernière.

Bien qu’ils présentent leur expansion territoriale comme étant la conséquence de l’équation : « nous sommes nombreux, nous avons besoin de beaucoup de terres », la réalité est inverse : « je veux beaucoup de terres pour y amener beaucoup de personnes ». Les principaux transferts ont eu lieu à la fin du XIXe siècle, dans la période de l’entre deux guerres, en 1948 après la partition de la Palestine historique, et dans la décennie des années 1990, avec l’arrivée de près d’un million de personnes provenant de l’ex-Union soviétique.

Israël a surpeuplé de manière irresponsable un territoire dont les caractéristiques font qu’il ne peut supporter qu’un nombre limité d’habitants. Actuellement, 12 millions de personnes peuplent la Palestine, desquelles 6 millions et demi sont israéliens et 5 millions et demi sont palestiniens. A titre de comparaison, la Communauté de Valence (dans l’Etat espagnol, NdT) est de même grandeur mais ne compte que 5 millions d’habitants, ce qui est déjà considéré comme une forte densité de population.

L’espace nécessaire pour accueillir cette quantité de personnes a été obtenu en expulsant par la force la population d’origine. Israël contrôle déjà 82% de la Palestine historique. Il convient de rappeler que l’acquisition de territoires par la force est expressément interdite par la Convention de Genève.

Cette expulsion systématique fait que la population palestinienne se trouve confinée dans ses espaces minuscules, avec d’énormes problèmes sanitaires, sociaux et environnementaux. L’exemple le plus dramatique est celui de la Bande de Gaza, dans laquelle un million et demi de personnes s’entassent sur à peine 360 Km carrés. Gaza a la plus forte densité de population au monde, avec plus de 4.200 habitants par Km carré, tandis que la densité dans l’Etat israël n’est que de 350 personnes par Km carré…

L’ultra-développementisme

Israël a colonisé la Palestine au travers d’un programme d’ultra développementisme qui, en outre, a été utilisé comme arme de propagande. Au XXe siècle dernier s’est forcé le mythe du « miracle israélien » qui avait transformé le désert en un verger. La propagande israélienne opposé ce « miracle » aux réalisations d’indigènes sous développés et primitifs qui, en 20 siècles, n’avaient même pas pu dépasser le stade pastoral d’élevage de chèvre et de cueillette d’olives.

En 2012, avec l’élévation actuelle de conscience écologique, il convient de se poser les questions suivantes : pourquoi faudrait-il transformer le désert en jardin ? Pourquoi faut-il y produire de manière intensive des agrumes, des légumes et de la viande ? A quel coût s’est donc mené à bien à ce prétendu progrès ? Qu’ont donc de si mauvais l’élevage en transhumance et la culture de l’olivier ? Les usages agricoles et d’élevage palestiniens n’ont-ils pas prouvé leur caractère durable et efficace ?

Mais ces questions ne se posent pas à la fin du XIXe siècle et pendant les deux premiers tiers du XXe siècle. Le développement et l’industrialisation extrêmes étaient des valeurs qui avaient le vent en poupe, tant dans le monde capitaliste que dans les pays « communistes ». De fait, Israël a constitué une référence pour la gauche après la Seconde guerre mondiale, avec le Kibboutz comme figure mythique ; la grande ferme collective qui avait réalité la société sans classe et sans propriété privée, où tout le monde travaillait selon ses capacités et recevait selon ses besoins…Et en plus, c’était efficace. Evidement, on occultait le fait que les kibboutz étaient construits sur des terres volées aux palestiniens ou achetées à des grands propriétaires terriens en expulsant les travailleurs journaliers et les ouvriers agricoles qui vivaient sur elles.

La Vallée de Hula

Pour la mentalité ultra développementiste du sionisme, le paysage n’est pas quelque chose auquel il faut s’adapter, mais bien qu’il faut soumettre, domestiquer et y compris dévaster si nécessaire.

L’un des exemples les plus significatifs est celui de la Vallée de Hula, dans la région de Galilée, au nord de la Palestine. C’était un terrain marécageux, avec une faune riche qui incluait des buffles et des sangliers, parmi d’autres. A la fin des années 1950, Israël a asséché près de 4.000 hectares afin de les transformer en terres de culture, détruisant ainsi un écosystème unique. Aujourd’hui, ces terres sont devenues incultivables à cause de l’accumulation de tourbe…

La colonisation de la Palestine, comme toute colonisation, entraîne une mentalité ethnocentriste. Les colons se sentent faire partie de l’Occident et utilisent ce sentiment d’appartenance de manière propagandiste : ce sont les représentants de la modernité, du développement technologique et de la démocratie parlementaire, en contraste avec un monde arabe qui serait arriéré, barbare et fanatique selon le « récit » sioniste.

Cet ethnocentrisme occidental s’est également appliqué à la nature. Les célèbres reforestations menées par l’Etat d’Israël l’ont été menées avec des conifères et d’autres espèces d’arbres, dont des eucalyptus, plus adaptés à l’Europe centrale qu’au Proche Orient. A de nombreuses occasions, on a rasé des bois autochtones de pins d’Alep, d’acacias, d’oliviers et de figuiers afin de replanter des conifères. L’objectif final est de changer la physionomie de la région, de la déconnecter de son passé, de son environnement, de créer quelque chose de « nouveau » qui ne sera plus le Proche Orient mais bien l’Europe.

Beaucoup de ces reforestations se sont faites sur des villages et des hameaux palestiniens, dont les habitants furent expulsés en 1948 d’après un plan de nettoyage ethnique méticuleux, comme l’ont démontré des historiens israéliens tels que Ilan Pappe ou Benny Moris. Plus de 750.000 personnes – les deux tiers de la population palestinienne de la région à cette époque – furent expulsées et 500 villages et hameaux rasés. La reforestation dans ces lieux veut rendre impossible le droit au retour des réfugiés, vu qu’il n’y a plus de maisons où revenir, ni de terres sur lesquelles travailler.

L’Occident contribue à consolider cette vision ethnocentriste d’Israël, en invitant ce pays dans les compétitions sportives européennes, à l’Eurovision ou dans la catégorie « délégation européenne » de l’Agence Internationale de Météorologie… L’insertion d’Israël dans le bloc européen de la page web des Jeux Olympiques de Londres en 2012 n’est pas accidentelle.

Le vol de l’eau

L’occupation sioniste a besoin d’une grande quantité d’eau, à la fois pour répondre à la sur population artificielle que pour la production agricole intensive. L’Etat d’Israël s’est comporté de manière irresponsable avec l’eau en l’exploitant de manière abusive, en appauvrissant les réserves hydriques. Mais en outre il a agit de manière illégale en volant cette ressource à la population palestinienne occupée.

Les territoires qu’Israël a occupé de manière illégale et qu’il a ensuite volé par la construction de colonies coïncident avec les plus importantes sources d’eau : le Plateau du Golan, la Vallée du Jourdain, l’aquifère de la Montagne, qui traverse la Cisjordanie du nord au sud, et l’aquifère de la côte, qui sillonne parallèlement à la Bande de Gaza.

L’Etat d’Israël transporte ces eaux des territoires occupés palestiniens vers ses villes côtières, à ses colonies illégales et aussi au désert du Néguev, transformé en méga serre agricole. Autour de 70% de l’eau consommée en Israël provient des territoires occupés palestiniens.

L’utilisation de cette eau par Israël constitue un délit au regard du droit international, vu que la Quatrième Convention de Genève interdit à la puissance occupante d’utiliser à son profit les ressources de la population occupée.

Les territoires volés et leurs rapports avec l’eau sont les suivants :

Le Plateau du Golan appartient à la Syrie. Ils furent occupés en 1967. C’est la principale zone hydrique, vu que s’y trouve la source du fleuve Jourdain. Qui contrôle le Golan contrôle l’eau de la Palestine. Au début des années 1980, Israël a décrété son annexion, en arguant des motifs de sécurité. Aucun pays au monde ne reconnaît cette annexion et plusieurs résolutions des Nations Unies exigent qu’Israël se retire du Golan. Il est évident que l’appropriation de ce Plateau n’a rien à voir avec la sécurité, mais bien avec l’eau.

Il convient de souligner qu’Israël est l’unique pays au monde qui n’a pas défini ses frontières, ce qui lui permet de voler des territoires et de les incorporer à son Etat. L’établissement de limites territoriales est une demande permanente de la communauté internationale. Cette indéfinition permet à Israël de retourner les choses de manière perverse et d’appeler les Territoires Occupés – selon les termes et la considération utilisée par les Nations Unies – comme des « territoires contestés ».

Le contrôle et la surexploitation des ressources hydriques se poursuivent tout le long du fleuve Jourdain, principale voie d’eau de la région. Le Jourdain se trouve dans une situation absolument catastrophique. Sa surexploitation fait qu’il ne s’y écoule qu’à peine 2% de son débit historique ; soit 20 à 30 millions de mètres cubes par an contre 1,3 milliards de mètres cubes dans le passé.

Le fleuve ne reçoit pratiquement presque plus d’apports externes en eau. Au contraire, on n’y déverse que des eaux d’égouts et des eaux usagées par les cultures. La contamination est tellement élevée que les traditionnels baptêmes ne sont plus autorisés qu’une journée par an et dans une zone très délimitée. Le Jourdain mythique dans lequel on dit que Jésus fut baptisé n’est plus qu’un filet d’eau malodorant et trouble, pour la plus grande déception des milliers de touristes religieux qui le visitent chaque année.

Après être passé par le Lac de Tibériade, qui souffre des mêmes problèmes, et dans son parcours vers le sud, le Jourdain commence son processus de salinisation jusqu’à son arrivée dans la Mer Morte. Cette dernière se trouve aussi à l’agonie. Elle occupait dans le passé une superficie de 930 Km carrés et s’est réduite à 650 Km carrés aujourd’hui et le niveau de l’eau baisse d’un mètre chaque année. La Mer Morte se trouve déjà de facto divisée en deux. A cette rapide disparition d’un écosystème unique ont non seulement contribué la diminution du débit du Jourdain, mais aussi la surexploitation de potassium, des sels pour les produits cosmétiques et des boues pour les nombreuses stations balnéaires de la zone.

La situation palestinienne

Israël contrôle toutes les sources d’eau de Palestine. Autrement dit, la population palestinienne n’a pas accès à son eau. Comme dans bien d’autres domaines, elle a également perdu sa souveraineté sur cette ressource. Elle dépend entièrement d’Israël pour son approvisionnement et elle n’en reçoit qu’avec parcimonie, de manière insuffisante et à un prix élevé. Il s’agit d’une stratégie délibérée qui s’applique également dans d’autres domaines et dont l’objectif et de rendre la vie des Palestiniens tellement misérables qu’ils finissent par s’expatrier.

Les Palestiniens consomment 60 litres d’eau par personne et par jour. Cette moyenne est bien en dessous des recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé, qui recommande 100 litres d’eau par personne et par jour. Elle est à une distance stratosphérique de la consommation israélienne, qui est de 350 litres par personne et par jour.

En outre, alors que la consommation israélienne est homogène, parmi la population palestinienne il y a des secteurs dont la consommation n’atteint même pas 35 litres par personne/jour, elle n’arrive pour certains qu’à peine 7 litres. Il y a 200.000 Palestiniens qui n’ont même pas l’accès à l’eau courante.

Les plus touchés sont les bédouins, les pasteurs transhumants qu’Israël veut expulser tant du désert du Néguev que de la Vallée du Jourdain, éliminant ainsi un mode de vie ancestral et comme conséquence une perte de diversité culturelle. L’armée israélienne interdit aux bédouins de creuser le moindre puit d’eau et bouche y compris les puits historiques utilisés depuis des siècles pour l’approvisionnement des personnes et du bétail.

De plus, la fourniture d’eau à la population palestinienne est chère. Merkorot, l’entreprise publique israélienne, vent l’eau aux villes israéliennes et aux colonies au prix de 1,8 shekels le litre tandis que les Palestiniens doivent l’acheter à 2,5 shekels.

Cette situation autour de l’eau viole d’innombrables lois internationales, depuis les articles de la Convention de Genève qui interdisent à la puissance occupante le pillage des ressources de la population occupée et l’oblige au contraire à assurer son bien être, jusqu’au Droit à l’Eau pour les êtres humains, consacrée par le Pacte International sur les Droits Economiques, Sociaux et Culturels des Nations Unies.

La situation de la terre

Comme on l’a évoqué au début de cet article, Israël occupe aujourd’hui 82% de la Palestine historique. La quasi-totalité de ce territoire a été acquis par la force, ce qui constitue une violation flagrante de la législation internationale.

Au cours des 10 dernières années, le Mur de l’Apartheid est devenu la principale arme utilisée afin de consolider le vol des terres. Le tracé du Mur et ses sections, ses postes de contrôle, les colonies et les routes utilisées exclusivement par les Israéliens, tout cela a isolé d’importants noyaux de populations palestinienne transformés en énormes prisons qui, du sud au nord, coïncident avec les concentrations urbaine d’Hébron, Jéricho, Bethléem, Ramalah, Qualandia, Naplouse, Tulkarem et Jenine.

Le Mur se dresse contre la dernière maison de ces centres urbains. Il n’y a même pas 20 à 30 mètres de séparation, comme on peut le constater sur ces images terribles qui montrent des fenêtres donnant directement sur un bloc de béton. Israël s’approprie ainsi toutes les terres qui entourent les villes, entraînant ainsi une conséquence très importante ; briser la connexion réelle mais aussi symbolique entre les Palestiniens et leurs terres. La société palestinienne cesse d’être paysanne et devient exclusivement urbaine, avec une population sans cesse plus dépendante d’un secteur de services gonflé de manière artificielle par les dons de l’Union Européenne et des Etats-Unis. Le lien de la population urbaine avec la terre est ainsi affaibli, ce qui la pousse d’autant plus à émigrer afin de chercher une vie meilleure.

Le vol des terres et la disparition de la société paysanne détruisent la souveraineté alimentaire palestinienne. Elle est de moins en moins capable de produire ses propres aliments et dépend de manière extrême de l’économie israélienne, tant pour son alimentation que pour la consommation de n’importe quels autres produits. L’occupation est une affaire juteuse pour Israël qui maintient en captivité plus de 4 millions de consommateurs. La dépendance est telle que, pour un foyer palestinien, il est pratiquement impossible d’appliquer la campagne de boycott des produits israéliens.

Le vol des terres pénalise également le million et demi de Palestiniens qui vivent en Israël et qui possèdent la citoyenneté israélienne. L’Etat d’Israël réduit la taille des municipalités habitées par ces Palestiniens pour qu’elles ne se constituent pratiquement plus que de leurs noyaux urbains. Les terres attenantes deviennent la propriété des localités israéliennes les plus proches. Israël affirme qu’il s’agit là d’une affaire « interne » de réaménagement du territoire qui repose sur sa souveraineté, mais en vérité ces terres sont arrachées à leurs propriétaires ancestraux.

L’argument israélien de la sécurité utilisé pour justifier la construction du Mur et le vol des terres ne résiste pas à la moindre analyse. Si cela serait exact, le Mur aurait été construit autour des colonies et non dans les villes palestiniennes. De fait, les colonies n’ont justement pas de murailles afin de pouvoir continuer à s’étendre. A la seule vue des chiffres des tués et des blessés, du vol continu des terres et de la violation systématique des droits les plus élémentaires, on ne peut en conclure que ce sont les Palestiniens eux-mêmes qui ont réellement un problème de sécurité.

Gaza, la plus grande prison du monde

La Bande de Gaza est soumise depuis 2006 à un blocus terrestre, maritime et aérien qui a provoqué une authentique catastrophe humanitaire, mais aussi environnementale. Plus de 80% de la population de Gaza dépend de l’aide humanitaire pour son alimentation ; 70% des familles survivent avec moins de un dollar par jour pour chacun de ses membres ; 50% de la population active est sans emploi – le taux de chômage le plus élevé du monde.

L’armée d’Israël lance régulièrement des attaques dévastatrices contre une population sans défense, sans une armée qui puisse la protéger et qui n’a nulle part où se réfugier. La plus connues de ces attaques et l’Opération Plomb Durci, menée à bien entre décembre 2008 et janvier 2009 où Israël a assassiné près de 1.500 personnes, parmi elles plus de 400 enfants. 5000 autres personnes furent blessées et 20.000 édifices furent détruits, tout comme la précaire infrastructure de cette zone densément peuplée.

A Gaza, catastrophe écologique et humanitaire vont main dans la main. L’Etat d’Israël a imposé une zone d’exclusion à l’intérieur de la Bande qui coïncide avec les terres les plus fertiles, la privant de 35% de sa surface cultivée. L’aquifère côtier est surexploité, les gazaouis souffrent de pénuries d’eau et celle qu’ils reçoivent est de mauvaise qualité, tant pour la consommation que pour l’irrigation. Il n’y a pas de traitement des eaux usées et les immondices s’accumulent dans les rues, sont brûlées de manière incontrôlée ou sont jetées dans la mer. Les eaux du littoral sont totalement contaminées par les ordures, les eaux usées et les déchets des rares usines encore en activité. Israël interdit aux bateaux de pêche de s’éloigner de plus de 3 milles marins de la côte, de sorte que les réserves sont surexploitées et que les quelques poissons capturés sont de mauvaise qualité, avec une pauvre valeur alimentaire et avec des taux élevés de contamination.

Telle est la situation que provoquait, par exemple, le siège d’une ville dans l’Empire romain ou au Moyen Age d’après les chroniques de ces époques. Mais toute cela se passe en 2012, de l’autre côté de la Méditerranée, à un jet de pierre de l’Union européenne…

L’olivier

Cette géographie de l’horreur se termine avec les arbres, et particulièrement avec l’olivier, symbole palestinien. C’est de lui qu’on vécues les familles palestiniennes pendant des siècles, produisant des olives, de l’huile, du savon, du combustible d’éclairage, du bois d’artisanat et à usage domestique… Beaucoup d’oliviers ont plus de 500 ans.

Israël a arraché plus de 1.700.000 arbres palestiniens au cours de la dernière décennie. La grande majorité était constituée d’oliviers. Cette destruction a été menée à bien par l’armée ou par les colons, sous le regard impassible des soldats. Il faut à nouveau souligner que cette stratégie de déforestation ne vise pas seulement à provoquer un dommage économique, mais aussi à briser la connexion du peuple palestinien avec sa terre, son paysage et ses symboles ancestraux.

Les oliviers sont déracinés par d’énormes bulldozers – expressément fabriqués par des entreprises occidentales pour cette tâche – ou bien on les entaille pour y injecter des poisons qui empêchent leur germination. De nombreux oliviers déracinés sont vendus par l’armée à des entreprises qui les commercialisent dans le monde entier en utilisant une réclame particulièrement cynique : « Plantez un olivier de la Terre Sainte dans votre jardin »…

Ces dernières années, la société palestinienne a mis en marche une série d’initiatives centrées sur l’olivier en tant que symbole de la résistance. L’organisation Joint Advocacy Initiative invite des activistes internationaux à venir planter des olivier au mois de février et à participer aux récoltes d’olives en octobre afin de protéger, par leur présence, les paysans locaux du harcèlement permanent exercé sur leur par l’armée et par les colons israéliens. Ces dix dernières années, ce sont plus de 70.000 oliviers qui ont été plantés à travers cette campagne.

Une autre initiative est menée à bien par les Comités Populaires de Résistance, qui ont lancé une campagne destinée à planter un million d’arbres dans les prochaines années.

Ce sont des actions de résistance non violente à l’occupation qui font appel à l’espoir, tout comme la campagne pour le Boycott, le Désinvestissement et les Sanctions (BDS) contre l’Etat d’Israël qui, depuis ses débuts en 2005, est devenu un instrument efficace et légitime dans la lutte du peuple palestinien pour ses droits.

Publié dans : http://www.vientosur.info/spip/spip.php?article6653

Traduction pour Avanti4.be : Ataulfo Riera