Grèce : Contre l’élection d’un président de droite proposé par la gauche !

DEA, Gianna Gaitani 23 février 2015

Mercredi 18 février a eu lieu l’élection du nouveau président de la république – c’est l’échec de cette élection sous l’ancien parlement en décembre dernier qui avait mené aux élections de janvier et au succès de Syriza.

On aurait pu s’attendre à ce que le parti dominant propose son propre candidat. Mais le petit parti des Grecs Indépendants, qui est associé à Syriza dans le nouveau gouvernement, a déclaré très nettement qu’il n’accepterait pas un président issu des rangs de Syriza.

Un premier candidat choisi par Alexis Tsipras - le commissaire européen Dimitris Avramopoulos - a été retiré étant donné la forte opposition de la « Plateforme de Gauche » qui regroupe l’aile gauche au sein de Syriza. Utilisant une procédure d’urgence, Tsipras a proposé un nouveau candidat, Prokopis Pavlopoulos.

Pavlopoulos est un représentant typique de la « droite éclairée ». Constitutionnaliste, membre éminent de Nea Dimoktatia (Nouvelle Démocratie), ministre sous la direction de Konstantinos Karamanlis (2004-2009), adepte d’un équilibre réglementé entre le marché et l’Etat, il était ministre de l’Intérieur lors du soulèvement des jeunes en décembre 2008. La propagande affirme qu’à l’époque Pavlopoulos a évité le carnage, s’opposant aux suggestions d’autres cadres éminents de la droite qui exigeaient une répression brutale, y compris avec la participation de l’armée. La vérité est que Pavlopoulos a mené une stratégie politique efficace, cherchant à isoler les protestations des jeunes, des principales forces du mouvement ouvrier et de la gauche, comme condition fondamentale pour exercer un étouffement définitif de la révolte.

La proposition pour l’élection de Pavlopoulos a été présentée devant la fraction parlementaire de SYRIZA en même temps qu’aux médias. Il y eut de fortes réactions provenant de l’aile radicale de SYRIZA. Ses membres ont toutefois reculé devant la possibilité que l’image publique de Tsipras – notamment à la veille de négociations cruciales avec l’Union européenne – soit compromise.

C’est ce climat que les militants de DEA et du Red Network ont décidé de briser. S’exprimant lors d’une réunion commune du groupe parlementaire et du Secrétariat politique de SYRIZA, Antonis Ntavanellos (membre de la direction de Syriza) a dit qu’il n’y avait pas de consensus sur la proposition d’un président de la République provenant de la droite. Il a souligné que la politique de la « cohabitation » est en rupture avec le projet politique du « gouvernement de la gauche » qui a été approuvé par la conférence de SYRIZA. Et, dès lors, il a affirmé qu’il n’accepterait pas la discipline face à ce choix politique. Le lendemain, Antonis Ntavanellos a développé ses vues publiquement sur la radio de SYRIZA (« Dans le Rouge »).

Lors de l’élection du président de la République par le parlement, la députée Gianna Gaitani (membre de DEA) s’est abstenue (« absence »), malgré la menace d’une expulsion immédiate.

Nous publions ci-dessous la déclaration politique de Gianna Gaitani, députée de SYRIZA, Thessalonique. Elle a été reprise dans tous les médias qui ont saisi l’importance de cette prise de distance publique. Jusqu’à présent, il n’y a pas eu de mesures disciplinaires contre elle, tout au contraire ; une vague impressionnante de solidarité se manifeste de la part des membres de SYRIZA. (A l’Encontre)

Déclaration de Gianna Gaitani à propos de son absence 
lors du vote pour le président de la République

Je n’ai pas assisté à la réunion de l’Assemblée nationale lors du vote pour l’élection du président de la République. En effet, pour des raisons de conscience et de tradition politique j’étais incapable de soutenir par un vote la proposition de SYRIZA, la proposition du parti pour lequel j’ai été élue.

Je continue de soutenir fermement le projet politique de SYRIZA, ses engagements et son programme et le gouvernement de la gauche.

Ce projet politique, je ne crois pas qu’il soit possible de le servir au travers de relations consensuelles avec la Nouvelle Démocratie et les dirigeants politiques de la droite.

Je crois toujours qu’au moyen d’un fonctionnement collectif de SYRIZA, à travers l’action de ses membres et par l’implication du Groupe parlementaire, ce projet s’accomplira de manière victorieuse.

Photo : La députée Gianna Gaitani lors d’une manifestation contre la fermeture de la radio-télévision publique ERT en juin 2013

Déclaration de Gianna (Ioanna) Gaitani, députée de Syriza pour la région de Thessalonique, publiée sur le site suisse A l’Encontre
Traduction française pour alencontre.org : Anna Christopoulou
Source : http://alencontre.org/europe/syriza-dea-et-lelection-du-president-de-la-republique.html